Actrice, écrivaine et réalisatrice, Laetitia Colombani nous offre ici, avec grand bonheur, l'adaptation cinématographique, semble-t-il très fidèle, de son premier roman aux plus de 5 millions de lecteurs et multi primé dans le monde, LA TRESSE.
N'ayant pas lu le livre, j'ai bénéficié de la magnifique surprise du film et de l'émotion puissante produite par ces histoires indépendantes, mais finalement entremêlées, que vivent trois femmes battantes et vibrantes d'humanité, en Inde, en Italie et au Canada. Trois femmes, trois destins, trois continents, et une même envie de s'accomplir. Elles refusent toutes le sort qui semble leur être réservé !
Tournées dans ces trois pays, et utilisant avec efficacité, sensibilité et vérité la langue locale, ces histoires construisent peu à peu une Tresse d’espérance, pourtant ces femmes ne se croiseront jamais.
Laetitia Colombani filme tour à tour ces histoires, et passe de l'une à l'autre sans que le spectateur en soit gêné puisqu'il est attentif à détecter ce qui va pouvoir les relier, d'autant qu'elles apparaissent tellement différentes et originales, faisant ainsi tout l'intérêt du film.
La réalisatrice sait parfaitement entretenir le suspens et peu à peu resserrer les plans qui vont amener progressivement à la découverte de cette chaîne de solidarité qui les unit, et que l'on découvre avec une émotion grandissante !
De ce point de vue, la mise en scène et la dynamique des enchaînements sont parfaitement orchestrés, ce qui fait de ce film une grande réussite.
J'y ai vu surtout un conte d'une poésie allégorique pour nous montrer comment les hommes (des femmes en l'occurrence), dans leurs détresses et leurs combats, peuvent nourrir de grandes espérances avec des destins croisés même si c'est indirect et au fond par hasard.
Et je n'ai surtout pas vu un film féministe, d'autant qu'un homme joue un rôle clé, ce serait sexiste de le prétendre !
Il est frappant aussi de remarquer que l'apport dans la Tresse des trois histoires est inversement proportionnel au statut social des trois femmes : ce n'est sans doute pas pour rien que la réalisatrice nous présente ainsi d'abord l'Inde, puis l'Italie et enfin le Canada... Je n'en dis pas plus à ce sujet pour ceux qui veulent découvrir le film sans avoir lu le livre. Mais j'y vois un message fort de Laetitia Colombani dans les rapports humains en général. On pourrait dire : "ceux qui n'ont rien donnent tout, et ceux qui ont tout ne donnent rien"; une perception très personnelle bien sûr.
Les actrices et acteurs principaux choisis, peu connus, contribuent fortement à faire de ce film une grande réussite et on sent qu'ils sont parfaitement dirigés par la réalisatrice :
- Mia Maelzer, actrice Indienne, dans le rôle de Smita; douce mais volontaire et charismatique, cette "Intouchable" (ou Dalits, ces parias de la société indienne dédiés aux tâches impures), qui veut absolument que sa petite fille échappe à cette condition misérable; en pleine détresse, Smita va s'échapper vers le Sud avec sa fille et finalement ensemble elles feront l'offrande ultime dans un geste profondément mystique et religieux;
- Fotinì Peluso, actrice Italienne, femme parmi les femmes de sa famille, dans le personnage de Giulia, incroyablement attachante et battante, et qui, dans la détresse de l'accident de son père n'a de cesse que de sauver l'atelier familial; Giula est irrésistiblement attirée par hasard par Kamal, cet Indien arrivé en Italie joué par un épatant et hypnotique Avi Nash; ensemble ils réaliseront l'impossible;
- Kim Raver, actrice germano-américaine, volontaire et impressionnante dans le rôle de Sarah, cette grande avocate Canadienne, sur le point de se voir confier la direction de son cabinet après 15 ans de travail acharné et exclusif (son expression "quand on travaille avec des requins, on ne peut pas saigner" en dit long sur le stress vécu dans ce genre de cabinet). Mais sa grave maladie va tout remettre en question; dès lors son combat va lui faire comprendre les choses importantes de la vie; dans ce combat, elle bénéficie par hasard (un peu trop sans doute diront certains), de cette tresse d'espoir initiée par l'Indienne et l'Italienne !!
L'émotion est telle à la fin qu'on n'a pas envie qu'un tel film ne se termine, et presque on refuse de quitter de quitter la salle au générique de fin, hébété et bercé par une superbe musique de fin.
Cher lecteur, vous comprendrez que mon 10 pour ce film va au-delà de sa qualité cinématographique intrinsèque mais est le signe que cette histoire hors du commun, si bien rendue par l'écrivaine elle-même, m'a profondément ému.
Je ne sais pas si ce film restera comme un grand film, peu importe, mais précipitez-vous d'aller le voir pendant qu'il est à l'affiche, sinon vous pourriez le regretter !