Attendu depuis de longues années, d'abord prévu pour une très large diffusion nationale, puis pour une sortie un peu plus confidentielle, puis pour une sortie direct-to-DVD à cause de "Marine Le Pen et des ministères", Morsay, le réalisateur de La Vengeance, invente même le concept assez inédit pour des longs métrages francophones de direct-to-YouTube.
Qu'on ne se laisse pas tromper par le film : il s'agit moins d'un film sur la Vengeance que d'une fable urbaine sur les difficultés à se réinsérer dans le système quand on sort de 6 mois de cabane.
Morsay et son frère Zehef (jeune entrepreneur en confection) se font coffrer par un ripou qui aime pas trop les rabzas et les renois. C'est d'ailleurs pour ça qu'il est posté en banlieue. Après un procès expéditif dans une salle de tribunal à l'acoustique déplorable, les deux compères sont condamnés sans ménagement pour un crime qu'ils n'ont pas commis. Sortis de prison, ils vont essayer de s'en sortir, entre néo-nazis au nombre et à l'intelligence limitée (et pourtant omniprésent) et dealers à la sauvette.
Le film a des prétentions clairement internationales. D'une part, la release sur internet a lieu le jour de la cérémonie des Oscar, signe fort à l'attention des Etats-Unis, à l'heure où The Artist risque de faire chavirer les coeurs. Les gars de Truands 2 la Galère ont donc le nez fin pour placer à bon escient leurs billes. D'autre part, le film multiplie les scènes polyglottes, où le portugais croise l'arabe, le kabyle, l'anglais, et bien évidemment la langue de Molière. On notera par ailleurs que La Vengeance fait bien souvent du pied à la distribution britannique, avec ses scènes d'humour très absurde (l'apparition improbable du chasseur dans la forêt en est certainement le marqueur le plus fort).
Les cinéphiles noteront aussi les références intertextuelles aux classiques que sont La Haine, Scarface, America History X, ou encore Sacré Graal.
Cependant, malgré ces qualités manifestes, le film pèche par sa réalisation sommaire, son mixage et sa photographie très inégaux, ainsi qu'un agaçant placement produit omniprésent.
En somme, ce film générationnel risque de devenir la version téci et française du phénomène qu'est The Room Outre-Atlantique. Une destinée que bien des films à petit budget (1 à 2 millions d'euros de production annoncés par Morsay lui-même) lui envieraient.
[Edit] : J'apprends que ce film a été interrompu par les Illuminati. Je lui rajoute donc une étoile supplémentaire pour avoir eu le courage de la sortir.
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