Un des films les plus justes et les plus fascinants qui aient jamais été tournés sur la question de la psychose. À partir d’un roman écrit par lui-même, Alain Jessua retrace l’itinéraire inéluctable d’un homme dans le déclenchement de sa folie. Charles Denner incarne de façon magnifique ce personnage hanté par les formes au point de se fondre peu à peu en elles, jusqu'à perdre toute notion de l’altérité. Le passage, si progressif qu’il en est imperceptible, du monde « normal » à celui où Jacques Vallin se réfugie de plus en plus, est rendu au niveau cinématographique par une variation vertigineuse sur les sons, les formes et les lumières. Le noir et blanc des images notamment, à travers une infinité de nuances de gris, témoigne d’une manière étonnante de l’éprouvé halluciné de cet être humain en proie à la question de son identité et du vide de la vie. Sans les symboles permettant de le décrypter, les choses, les êtres, le temps, perdent leur sens et deviennent des lignes et de la lumière pures. La fin est étonnante, rendant compte de cette « paisibilité » qui peut accompagner - pour un temps - les « fous » dans leur monde à part…