Sentimental hogwash !

Voilà les mots qu’aurait pu prononcer M. Potter à propos de ce film et il faut l’avouer, il aurait probablement partiellement raison. Ce vieux monsieur est cynique, cupide, ladre et estampeur à tout-va. Dans un monde comme le nôtre empreint d’individualisme et d’obscénité, il est une facette peu ragoutante mais réel de la nature humaine. M. Potter juge stérile et sans grand intérêt tout ce qui ne fructifie pas et décrit les hommes modestes de ‘bouffeurs d’ail’. M. Potter est avide, cruel et il n’hésiterait pas une seconde à écraser le commun des mortels pour en tirer profit. A travers ses yeux, il subsiste nul doute qu’il aurait qualifié ce film de ‘sentimental hogwash ‘.


Mais attention ceci n’engage que moi : ce film est une pépite ! Non comme l’entend ce barbon aigri, c’est une pépite cinématographique. James Steward nous donne dans ce film le meilleur de lui-même, il y apparait survitaminé, magnétique, majestueux, son jeu tend à la perfection et que dire de Donna Reed, elle y est tout simplement magnifique, une beauté cristalline enveloppée d’une somptueuse et élégante prestance. Le charme du couple ne vous laissera pas de glace. Le scénario ne vous laissera pas indiffèrent, les différents personnages non plus. Les images en noir et blanc vous transporteront vers une atmosphère cotonneuse digne de la féérie de noël et enchanteront votre écran. Vous vous laisserez enthousiasmer par ce ‘George Bailey’ bouillonnant d’ambition et de rêve, il viendra avec son énergie et sa force vous déloger de votre fauteuil pour vous embarquer dans son histoire, vous serez alors bringuebalé entre la vie qu’on rêve et la vie qu’on mène. L’histoire d’une vie.


Un 'M. Potter' n’aurait pas aimé ce film car il l’aurait trouvé trop mielleux, dégoulinant de bons sentiments, trop cucul la praline, mais un 'Charles Ingalls' l’aurait sûrement adoré pour les mêmes raisons. Pour ma part, j’aime ce film, j’adore ce film, et quand parfois je me mets à douter de la bienveillance de la nature humaine, je me remets ce film car après tout, quel mal peut-il y avoir à vouloir adoucir un peu la réalité?