Critique de La Vie est belle

Résumé

Un angle risqué pour parler de la Shoah et de la collaboration italienne. Mais j'ai trouvé le décalage des tons bien maitrisé, permettant de faire advenir d'une autre manière des émotions parfois contradictoires aboutissant à un film mémorable.

Détails (et quelques spoilers)

En prenant le parti de faire rire dans un film traitant de l'Holocauste, Roberto Benigni aurait pu s'égarer. Pourtant, rien de cela n'advient tant le métrage parvient à nous faire ressentir ce que le petit Josué a ressenti, ou du moins devait ressentir dans l'idée de son père. Ainsi, le maintien permanent d'une illusion autour de ce qu'il se passe en Italie puis dans les camps de concentration/extermination permet à Guido de préserver son fils, et probablement de se préserver lui-même, dans une moindre mesure.

Si certain·e·s y verront peut-être une manière d'atténuer la gravité et l'horreur de la période, j'y vois au contraire un choix de contraste démontrant que face à une situation si effroyable, il est préférable d'inventer une alternative, aussi fictive soit-elle.

Pour ce faire, Guido jonglera entre le déni, la distraction ludique et évidemment le rire, le tout étant couvert par des mensonges entretenant son récit inventé dans le but de préserver le petit Josué. Dès lors, en essayant à tout prix d'assurer à son fils que la vie est belle, Guido ne fait que souligner l'indicible. De l'antisémitisme des marchands italiens à la violence mortifère des officiers SS.

Enfin, j'ai apprécié que le personnage du médecin nazi ne se préoccupe aucunement de la situation de Guido, mais demeure obsédé par la résolution de ses devinettes, démontrant à quel point l'humour de ce type de scènes n'est pas qu'un outil de distraction du public, mais un choix artistique permettant de dévoiler autrement les conséquences du fascisme.

9.75/10