Ulule : Le film

Ce film fait partie de mon "rattrapage culturel" version "un réalisateur = un film."

Scénario :
C'est l'histoire d'un mec qui veut partir de chez lui pour parcourir le vaste monde, mais qui n'y arrive jamais : d'abord il y a la mort de son père, ensuite il y a sa femme qui.... ... Ha merde, attendez deux seconde... C'est le scénario du Truman Show, non ?

En tant que sujet d'étude :

"La vie est Belle" est le film que j'ai pris afin d'étudier le cinéma de Frank Capra. Je croyais n'avoir vu aucun de ses films, mais je m'aperçois que j'avais vu "Arsenic et vieilles dentelles."

La réputation que j'avais de Frank Capra est surtout de faire des comédies "feel good" à la fin desquelles le spectateur fini par avoir un énorme sourire. Celui-ci est particulièrement vrai, mais à la fin très joyeuse, il s'ajoute aussi des personnages très intéressant, des bons dialogues avec des remarques piquantes et des scènes qui nous font nous attacher aux différents protagonistes.

A vrai dire, tout le film étant un énorme "set up" pour montrer la vie de George s'il n'avait pas existé (ne faites pas les étonnés, vous êtes tous venus pour ça) il faut donc nous montrer sa vie depuis sa tendre enfance, nous rendre sympathique les personnages qu'il a croisé et aidé, nous faire comprendre qu'il a fait des sacrifices dans ses choix. Pas moins de 5 scénaristes se sont attelés à la tâche et cela paye car au bout d'une heure et demi de film, lorsque nous voyons vraiment ce qu'est devenue la ville sans Georges, on est touché.

Le film a donné lieu à une catégorie de scénarios sur TvTropes" le scénario à la vie est belle" : Un personnage voit ce qu'il se serait passé s'il n'était pas venu au monde. Une chose qui est plus facile à pratiquer dans les séries, les webséries, les mangas, dans Shrek 4 ou les comics, étant donné qu'on a pas besoin de construire tout un background : celui-ci existe déjà. Et il existe des versions où le personnage découvre que tout irait mieux s'il n'était pas né.

J'avais parlé de ces décors monumentaux créé en studio en parlant de La Nuit du Chasseur : celui de La vie est Belle fut à l'époque le plus grand construit à l'époque, tenant à l'intérieur d'un ranch entier. (Hélas détruit dans les années 50)

Marrant aussi en voyant ce film à quel point il influence beaucoup Gremlins de Joe Dante : Noel, la petite ville, la maison abandonnée, la vieille grincheuse qui possède la moitié de la ville et qui est clouée sur un fauteuil. (Et une ville artificielle reconstruite en studio, au passage.)

Bizarre que la ville devienne une sorte de Las Vegas (avec des néons) plutôt qu'une ville déserte à la Détroit. Pourtant, c'est finalement la logique de Petters : conduire les gens à la ruine ne lui apportera rien, par contre engranger du capitalisme en flattant leur bas instinct (peepshow, prêt sur gage, jeux) est bénéfique pour lui.

Finalement, le fait que le FBI ai soupçonné ce film d'être une diatribe communiste pourrait limite se justifier par cela. Même si, au fond, il est difficile de ne pas remarquer qu'il s'agit plutôt d'une plaidoirie pour le capitalisme "humain" fondé sur l'entraide, les petites boites dans des petites villes et l'investissement local, opposé à la machine monopoliste, tentaculaire qui boursicote. Le spectre de la dépression de 1920 pèse toujours sur les USA, et sans devenir socialiste, nombreux ceux qui vantent un retour à l'économie "réelle." (Et savoir que c'est le bizness des maisons qui a créé la crise des subprimes il y a dix ans fait maintenant bizarre.)

Mon avis personnel :

J'ai absolument pas décroché de ce film et j'ai vraiment été pris. Alors qu'en bon geek, j'étais déjà au courant de ce qu'il allait se passer, y compris la toute fin.

Mais non, ça à VRAIMENT marché sur moi, j'ai eu ma petite larmichette à la fin lorsque

Malgré les critiques qualifiant ce film de"mièvre" il me prouve une fois de plus que si vous avez un scénario hyper bien travaillé et que vous savez jouer sur la corde, cela fonctionne. Le film n'est jamais mielleux, réussi à être parfois effrayant ou sérieux sans jamais se perdre.

Les personnages ont beau être typés (George est "le chic type" de service) ils n'en sont pas moins complexe et cela fait tout le sel du film : Georges est parfois touchant parfois énervant, notamment lorsqu'il ne semble pas voir les avances que Mary lui fait (ou feint de ne pas les voir.) Le fait que les deux se tournent autour de façon parfois vacharde rend finalement leur couple bien plus crédible et attachant dans la suite du film. Le fait que Mary ne soit pas qu'une simple épouse en arrière plan mais qu'elle ai sa partition à jouer (la vieille maison qu'elle retape, le fait de proposer elle-même de donner les économies de la nuit de noce pour sauver l'entreprise de la faillite, etc.) nous fait s'attacher à elle que si elle avait été n'importe quelle potiche mielleuse.

Bon, après, depuis que je décide de me voir des classiques du cinéma, c'est le troisième film que je vois avec James Stewart et j'adore vraiment ce mec. Sa façon de se tenir, de blaguer, d'avoir son petit accent, d'incarner aussi bien le gentil garçon que le mec narquois (ce qui fonctionne très bien dans Indiscrétions) me le rend totalement attachant.

Bref, j'ai fondu. J'abdique. Ce film est bon.