Je l'ai revue récemment et si j'avais en mémoire un film approximatif mais au casting solide et plutôt agréable, ce revisionnage m'a fait revoir la note à la baisse (-1 c'est tout) car c'est vraiment faible sur beaucoup de plans.
Charles Laughton est excellent, comme toujours, mais il n'est pas à son top néanmoins. Il est un Henry VIII très naturel et très crédible mais un tantinet trop jovial.
Et la jovialité est, à mon avis, le point faible du film.
Tout est traité avec trop de légèreté pour que le film est le moindre impact ou même intérêt.
Les points de focalisation sont effarants et aberrants tour à tour.
En tout premier, la carton d'ouverture qui informe le spectateur que la première épouse d'Henry n'apparait pas dans le film parce qu'elle n'a pas d'intérêt, étant une femme vertueuse. Certes, c'est de l'humour mais l'humour est-il le bon bout par lequel prendre cette histoire?
J'argumenterai que Catherine est l'une des épouses les plus intéressantes du lot et qu'il est criminel de passer ce personnage sous silence. Anne Boleyn n'est pas mieux traitée avec les 2 scènes qui lui sont consacrées. Néanmoins, vu l'âge et la corpulence de Laughton, difficle de faire apparaitre un jeune Henry.
Cela offrirait peut-être l'occasion de s'intéresser aux autres épouses d'Henry qui sont souvent traitées plus rapidement que les 2 premières mais c'est assez superficiel encore.
Etrangement Katherine Howard est présentée dès la première scène et est presque le fil conducteur du film mais elle n'en est pas mieux gérée et sa mort par décapitation laisse de marbre. Jane Seymour est représentée comme une tête de linotte et son destin peu enviable passe très vite et Catherine Parr est totalement caricaturée et assez éloignée de la réalité de sa personne.
Celle qui tire bien son épingle du jeu c'est Anne de Clèves, ses scènes sont drôles et ne dénaturent pas la relation entre les 2 époux ni leurs rapports. Elle a survécu, elle a récupéré des biens, son indépendance et son amant et est restée cordiale avec son ex-mari qui ne lui en voulait pas, bien au contraire.
Le scénario et la réalisation, étrangement, penchent du côte de la screwball comedy et de la romcom même. Une petite chose légère et sans conséquence, qui s'ouvre tout de même sur la préparation d'une décapitation. Les scènes intéressantes sont justement celles qui montrent le public plutôt que l'exécution : le spectacle est plus important que la vérité et les gens s'en fiche, c'est l'occasion de porter sa dernière coiffure ou tenue.
Le ton aurait été définitivement grinçant, et donc intéressant, si ce ton avait été conservé pour le reste du film mais il est juste léger et traité à la légère et donc ne grince pas. Le film est même très indulgent vis-a-vis de ce cher Henry.
Au milieu de ça, Robert Donat est l'amant de Katherine Howard mais peine a être une figure tragique tant le couple est sans intérêt (surtout elle, que le scénario ne rend pas sympathique du tout) et puis Robert disparait, hors caméra. Comme ça.
Les costumes sont très années 30 pour les personnages féminins, avec les bonnes coiffent étrangement. La silhouette très particulière de cette époque devait être difficile à apprécier dans les années 30 et, somme toute, grosso modo on s'y retrouve. Les cheveux cours et bouclés au fer par contre, c'est très anachronique mais le film ne s'embarrasse pas de tout le reste non plus.
Trop de sujets pour un seul film certes mais surtout un scénariste que ne sait pas par quel bout prendre cette histoire et ces personnages.
Une ambiance générale dérangeante au final mais c'est une curiosité sans aucun doute : une vision très machiste d'un barbe bleu pour de vrai qu'on traite comme une pauvre victime des femmes.
Où alors c'est totalement au second degré et je suis passée à côté, complètement.