Un regard intime et social sur les entrailles du plus prestigieux musée du monde...
Avant d'être le documentariste social intimiste reconnu avec son "Etre et Avoir", Nicolas Philibert réalisait son premier long docu sur le plus connu des musées : Le Louvre.
Le sujet se révèle passionnant : que se passe t'il quand le Louvre est fermé ? Il semble mort et désert ? Il ne l'est pas ! Une faune de plus de 1.000 fourmis le font vivre ; du laveur de vitres au conservateur, du technicien d'installation au restaurateur. De plus le reportage se situe en 1989-1990 et offre un regard unique sur le tout début de l'époque "Grand Louvre" après la construction de la pyramide de Peï.
L'efficacité du style de Philibert tient dans une opposition : d'une part l'apparente liberté et la spontanéité de ses "acteurs", d'autre part la méticulosité esthétique d'une mise en scène pensée au moindre cadrage, les moindres perspectives, mouvement ou insert.
Ainsi un simple transfert d'oeuvre devient une scène avec une âme où une peinture de La Tour semble animée portée par des hommes en bleu, où un Poussin est déroulé en dansant par des hommes en blanc. On entre dans les coulisses d'un lieu magique en toute simplicité où des chefs-d'oeuvres émouvants côtoient le quotidien (Le Louvre est aussi une grande entreprise avec sa cantine, sa salle de gym et ses cours de secourisme). Sans aucune voix-off parasitaire, le voyage est fluide, intime mais sans ingérence ; on alterne entre des instants silencieux et envoûtants (voir un restaurateur travailler à la feuille d'or a quelque chose de fascinant) et des moments bruyants et pleins de vie (les essais de costume des employés).
Malgré d'évidentes longueurs et un certain vieillissement (Le musée a évolué depuis et on a vu beaucoup d'autres reportages sur le sujet), ce témoignage conserve une belle part de magie, et reste encore une référence à voir pour comprendre l'âme du plus prestigieux musée du monde.