Livres pour vivre et survivre
Film sur la Seconde guerre mondiale tiré d’un livre à succès, jusque-là le scénario semble classique mais la force du film provient non pas de la volonté de dénoncer les affres de la guerre par la vision de la violence guerrière mais plutôt du récit de la vie d’une fillette analphabète (Liesel, interprétée par Sophie Nélisse), arrivée « par hasard » dans un petit village allemand où elle fera la connaissance de sa famille adoptive (Emily Watson et Geoffrey Rush), de son meilleur ami, Rudy (Nico Liersch), et d’un juif, Max (Ben Schnetzer), que ses parents cacheront dans leur cave.
En temps de guerre et d’autodafés, Liesel apprend à lire et découvre l’idéologie nazie. Véritable récit d’apprentissage (bildungsroman), lire devient pour la fillette l’élément qui la rattache à son passé et qui la sort de sa solitude initiale mais lire devient aussi une force pour traverser les différentes épreuves. En effet, cette famille à beau vivre dans une rue nommée « Paradis », la mort (en « voix off ») plane sur chacun des habitants.
La réalisation est académique, la photographie soignée et la reconstitution historique travaillée (montée de l’antisémitisme, figure de Jesse Owen, Nuit de Cristal, conscription…).
Néanmoins, ce film souffre de trop d’incohérences pour être complètement crédible. La petite fille allemande, par exemple, apprend à lire avec l’aide de son père adoptif allemand mais elle lit des livres en anglais et écrit en anglais (une lettre à sa mère allemande et les mots qu’elle apprend).
Le scénario reste alors assez plat et les personnages semblent plutôt lisses, ce qui enlise le film dans une certaine lenteur.
Un film humaniste donc, de « bons sentiments », mais que je ne conseille pas aux plus jeunes, même si les morts ne sont pas « choquantes » (morts, tués dans leur sommeil, certes couverts de poussière, mais très propres).
Un film sur l’amitié sur fond de Seconde guerre mondiale et d’antisémitisme, porté par deux jeunes acteurs extrêmement justes et attachants (Sophie Nélisse et Nico Liersch), qui, malgré le manque de rythme et les incohérences, touche la sensibilité du spectateur.