La Zona, propriété privée par Coffee_Addict
Le propos que Pla porte à l'écran est dérangeant, met mal à l'aise, dès les premiers instants et pas seulement parce qu'il nous rappelle, à nous autre occidentaux, au combien nous sommes bien lotis...
L'image est tout aussi sombre que la réalité qui nous est proposée, les séquences s'enchainent avec cohérence et, pour peu d'être familiarisé avec la langue espagnole dans laquelle est tournée le film, on se laisse emprisonner dans ce sinistre huit-clos. Sinistre oui, car il y est très rapidement question de mort et que cette dernière, telle une épée de Damoclès, nous oppressera, nous et notre infortuné "héros", tout au long du film. Le rythme est habilement lent, la mise en scène simple et soignée, place nette est faite au message. Certaines séquences sont proches de la torture tant le jeu qui se joue sous nos yeux, celui des chats et de la souris, apparait cruel. Le jeu des acteurs, des illustres inconnus pour ma part, est agréablement juste, poignant. L'intensité va crescendo, l'étau se resserre... jusqu'au dénouement, au moment duquel on ne peut-être, malgré tout, que soulagé.
Si l'homme est ici présenté dans sa dimension la plus obscure, le film propose toutefois de beaux moments, où l'homme redevient humain, souvent sous les traits d'un enfant. L'espoir existe, mais il apparait fragile et contraint, comme souvent. La violence, morale comme physique, caractérisée par l'adulte et nourrie d'une peur somme toute primaire et peut-être légitime, celle de la différence, de l'inconnue, constitue un personnage a part-entière, omniprésent. Mais, et c'est à mon sens l'une des plus grandes réussites du film, cette violence ne nous est pas balancée au visage crument et demeure bien plus dans le message qui nous est délivré que dans les images, bien que ces dernières n'aient absolument rien d'un Walt Disney.
Au delà de la violence et de la cruauté dont est capable l'humain, une réflexion sur le communautarisme et ses possibles dérives nous est proposée : Le concept de "la zona", une ville au sein de la ville, qui nous apparait lors du film hors du temps et au dessus des lois, est dénoncé. Le film est aussi l'occasion de rappeler un des problèmes persistant au Mexique, à savoir la corruption policière.
Actuel et d'une terrible justesse, ce film ne peut laisser indifférent. On en sort certes troublé, quelque peu abattu pour ma part, mais une fois digéré, on ne peut que se sentir grandi. A voir donc, si possible en VO, il parait que le doublage français est assez ingrat.
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