L'utilisation du hors-champ et la composition des plans sont brillantes et pertinentes. Le contraste entre la vie de cette famille de dignitaires allemands et ce qui se passe dans les camps, sans le voir, est saisissant. Jamais d'empathie pour ces personnages évidemment, jamais non plus de diabolisation excessive pour des personnages déjà détestables en soi. Ainsi les gros plans et les musiques sont exclus. La distance de la caméra ne nous permet pas de rentrer dans le champ de l'émotion et nous place en position d'observateur de cette vie. La froideur avec laquelle les Nazis pensent l'extermination est redoutable et tout à fait crédible. L'aspect industriel de la Shoah est dans un sens le sujet du film puisque ses instigateurs gèrent le tout comme on gère une entreprise ou comme on se rend au boulot.
Alors pourquoi une note moyenne ? Et bien parce que c'est trop long. Une fois que j'ai compris le dispositif, je ne pouvais pas m'en contenter pendant 1h45. Répétitif à souhait, ce film pourrait presque nous faire soupçonner un brin d'autosatisfaction chez Glazer qui veut nous mettre son idée, certes géniale, sous le nez pendant longtemps. Un moyen-métrage aurait été percutent. Ici, l'intérêt s'étiole tout de même... Dommage.