Lorsque le rouge éclatant de la fleur du potager se confond avec le rouge indicible de l'horreur, lorsque le mur du jardin se pare de la même teinte que celui du camp; tout gravite autour de ce mur évoquant presque un "4ème mur brechtien", tant il incarne la distance et surtout l'indifférence.
Ce film remarquable relève le défi de représenter l'indicible monstruosité de la Shoah; le film travaillant essentiellement sa "représentation".
Tout se "construit" autour de ce mur, une véritable machination qui anéantit toute trace d'humanité, à l'image de la scène finale. Il ne s'agit pas de montrer l'horreur, aucune image, aucun plan, mais simplement une bande son et des paroles qui ne font que la suggérer pour mieux la dévoiler.
Réanimation de la Shoah, les personnages semblent vivre sans la présence de cette monstruosité, dans l'oubli, l'indifférence la plus totale. Cependant, le film, particulièrement sa bande sonore, nous interpelle constamment sur la question : pourquoi et comment percevons-nous cette souffrance, ou sommes-nous capables de l'ignorer complètement ? Assurément, non. C'est probablement sur ce point que le film souhaite attirer toute notre attention : l'oubli et la mémoire; la dernière scène (que je m'abstiendrai de nommer pour éviter tout spoiler) mettant en avant l'importance de ce sujet, à savoir la mémoire collective de ce tragique événement.
Malgré quelques longueurs, film très bien réalisé.