Avec le troisième volet revient l’intelligence. Le crocodile devient l’incarnation d’une faille sociétale et intime : l’absence parentale, le machisme sont reliés par le poids du souvenir que symbolise cette jetée faite de bois où se tinrent les chaos des deux précédents films. L’enfant ne dispose pas de cadre à intégrer et comble son manque par de mauvaises fréquentations tout comme le macho enfouit sa crainte de la femme en la chosifiant ; l’un conduit à l’autre et inversement dans cette impitoyable logique dont la clausule reste toujours la solitude malheureuse. Lake Placid 3 incarne la lutte d’une famille contre sa dissolution donc contre sa perte. Si les acteurs principaux sont plutôt bons, si l’atmosphère plus sombre et brumeuse contribue à l’immersion, si la musique cette fois-ci s’avère mieux dosée donc plus efficace, force est de constater que l’aspect laudatif de la critique s’arrêtera là car les bestioles demeurent une bouillie numérique des plus indigestes (mais meilleure que le deuxième volet), les scènes d’attaques mal cadrées et répétitives, les coutures dramatiques vulgairement exhibées, l’ensemble gorgé d’incohérences. Et, surtout, l’action et l’horreur ne revêtent jamais l’intelligence de la métaphore familiale tissée en second plan. Dommage.