Lake Placid est l’une des seules sagas horrifiques à pouvoir se vanter d’avoir changé son prédateur en pénitent qui semble, depuis plus de quatre films maintenant, effectuer un chemin de croix allant du supplice ultime – le deuxième volet – aux rares périodes d’accalmie – le troisième, moins pire que les autres. Que dire de ce Lake Placid: Legacy, sinon qu’il confirme l’adage selon lequel il faut préférer la mort à l’agonie ? Aussitôt ressuscité aussitôt enlisé dans le marasme esthétique et dramatique, où les licences plagiées un peu partout viennent échouer et se croiser le temps d’un téléfilm minable, qui ne vaut que pour les quelques ambiances anxiogènes posées çà et là. Cet héritage est mieux réalisé, voilà son avantage : il se regarde sans crier au viol visuel, quoique le crocodile déconcerte par sa laideur numérique. Certains plans sont composés, et les jeux de lumière peuvent ravir, l’espace d’un instant, une rétine lassée par tant de clichés collés les uns aux autres. Le souci, c’est qu’une recherche esthétique dépourvue de motivation fond comme neige au soleil. Et il est inexcusable de se saisir d’un sujet environnemental aussi contemporain pour le réduire à un prétexte scénaristique aussi grossier : la thématique est posée là, ne dispose d’aucun traitement, d’aucune profondeur. Les autres volets pouvaient se cacher derrière la crétinerie qu’ils affichaient ; on pouvait y lire une forme d’honnêteté, de sincérité dans la démarche qui criait haut et fort à son spectateur que rien d’intelligent n’allait se produire. Là, c’est l’inverse. L’ouverture promet un propos de fond qui n’est, en fin de compte, que poudre aux yeux, et donne l’impression au film d’avoir un fondement autre que le divertissement. Malhonnête, long et terriblement idiot, Lake Placid: Legacy achève – on l’espère – une saga qui aurait dû se limiter à son œuvre-source.