Ce Largo Winch commençait mal : un Nerio Winch qui meurt comme un débile, un cri de Wilhem inutile, une caméra jasonbournesque puis une scène de plumard en à peine 10 minutes de visionnage… peut-être était-ce une stratégie du réalisateur pour que je m'attende au pire et que je ne puisse qu'en ressortir agréablement surpris par la suite… en tous ç'a fonctionné.


Bon après, n'allez pas croire qu'il s'agit d'un grand film non plus, loin de là. Le scénario reste vachement con et les méchants ont la fâcheuse tendance à faire des choix tout aussi cons comme révéler l'intégralité de leurs plans à quelqu'un qu'ils ne connaissent pas. Le film a aussi une curieuse manière d'intégrer ses flashbacks, au point où il est même arrivé à me perdre. Bref, ça se regarde, mais faut pas trop s'attarder sur le scénario.


Au niveau de l'adaptation par contre, autant le film prend de nombreuses libertés, autant il reste fidèle à l'esprit de la BD : on retrouve une intrigue financière mêlée à du complot, de l'action, de l'humour, et quelques moments beaufs (et c'est heureusement moins pire que dans la BD). Les scénaristes, Jérôme Salle (accessoirement le réalisateur) et Julien Rappeneau, n'ont cependant pas hésite à retirer et à ajouter certains personnages : on perd Simon, le personnage le plus beauf de la saga justement, notamment car il aurait fait doublon avec Freddy ; la plupart des personnages féminins (les nombreuses conquêtes de Largo et Simon… quand je vous dis que la BD est beauf je ne mens pas) ; les membres du Big Board, Ann Ferguson (Kristin Scott Thomas) devenant le nouveau numéro 2 de la compagnie, et d'autres que je ne vais pas mentionner ici car j'ai autre chose à faire que de tout cataloguer.

Autre gros changement, le siège Winch est déplacé à Hong Kong, une ville qui « représentait parfaitement le XXIe siècle » pour reprendre les mots du réalisateur : un choix plutôt judicieux (et puis ça change de New York)… même si cela a obligé les équipes à procéder à un tournage sauvage, à découvrir la « Hong Kong Way », aucune autorisation de tournage n'étant possible dans le centre-ville. Oui, parce qu'il faut noter que le film n'a pas été tourné en studio, et qu'en plus que ça, fidèle à la BD, il nous fait beaucoup voyager, notamment en Bosnie et dans le bassin méditerranéen. Pour le coup, j'ai beaucoup aimé le côté multiculturel du film, entre ça et le fait que ça parle plusieurs langues (le serbe, le français et l'anglais), il y a une volonté très marquée de ne pas faire un film pour ou comme les américains. Volonté tout aussi perceptible au niveau des cadres choisis qu'au niveau de la composition d'Alexandre Desplat, qui, même s'il ne s'agit pas ici de sa meilleure compo, n'hésite pas à placer quelques chants bulgares (comme dans l'horrible Alone in the Dark, de 2008 lui aussi) dans le fond lors de quelques passages bien précis.

Bref, au niveau de l'adaptation, c'est très correct, appréciant la BD, sans en être un gros fan, j'ai retrouvé ce qui faisait son sel, sans pour autant savoir par avance ce qui allait se passer car j'avais déjà lu les bouquins.


Forcément, vient le point Tomer Sisley. Un acteur que je n'ai jamais apprécié pour des raisons évidentes, et que j'apprécie encore moins depuis les révélations CopyComic (déjà qu'il copie, mais en plus il copie mal tellement il est nul, je suis sûr c'était ce genre de type au collège qui était capable de copier ton nom et prénom lors du contrôle)… malheureusement, ou tant mieux pour lui, mais ici, il ne s'en tire pas trop mal. Il arrive à rentrer dans le rôle de ce Largo plus proche des romans que de la BD, et arrive même à se montrer un minimum crédible. Bon après, forcément, le fait qu'il soit nul dans tous les autres domaines qu'il entreprend fait qu'il ne peut que briller dans le seul truc qu'il ne rate pas, ça doit jouer. Au passage, il faut noter qu'il a fait les cascades lui-même (ça je le sais parce qu'à l'époque de la sortie du film, toute la com' était axée autour de ça). Bref, pas de quoi mériter un César, mais c'est probablement le meilleur (ou le moins pire) truc qu'il a fait dans sa médiocre carrière, et le mieux a beau être l'ennemi du bien, il me semble important de saluer tout effort, même quand ça reste très mauvais (un peu comme les dessins que vous faisiez enfant, ils étaient moches, mais vos parents n'hésitaient pas à saluer votre progrès).

Au niveau du reste du casting, en plus d'être éclectique, c'est plutôt positif là encore. J'ai surtout beaucoup apprécié le fait de ne mettre que des acteurs qu'on voit souvent jouer des connards ou qui pourraient le faire, genre foutre un acteur avec un accent bien allemand ou l'un des méchants du premier Taken, ça permet d'instiller quelques doutes quant à l'idée du grand méchant derrière tout ça.


Avec Largo Winch, Jérôme Salle et Tomer Sisley voulaient concurrencer Mission Impossible et surtout James Bond. Est-ce réussi ? Curieusement, même si le film dont il est question ici est très loin d'égaler les meilleurs épisodes de ces deux sagas respectives, le fait qu'il soit sorti après Mission Impossible 3 et Quantum of Solace (de 2008 lui aussi) aurait tendance à me faire dire que ce n'est pas Largo Winch qui s'est hissé au niveau d'un Mission Impossible ou d'un James Bond, mais James Bond et Mission Impossible qui se sont rabaissés au niveau de Largo Winch. La chatte ? Encore mieux puisque ledit long-métrage est sorti pile-poile une semaine après La Voie et la Vertu, soit l'un des pires albums de la franchise (du moins si on s'en tient aux 20 premiers). « À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire » ? Ouai, p't'être… pour ma part, j'opterais plutôt pour un combat d'infirmes.

MacCAM
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le 22 nov. 2024

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