Ainsi parle le cosmonaute qui est en moi.
Tourné 3 mois après la "Dolce Vita", ce film-paquebot, à l'instar du Rex, bénéficie de l'aura de son "sister ship" de la même année. Au final nous nous retrouvons nez à nez avec du bon néo-réalisme comme on l'aime, ni trop froid ni trop chaud, tout juste saisi en vol un soir de la saint Sylvestre. Délicieuse tranche de choix d'un cinéma-bijou, "Larmes de joie" m’apparaît comme le pendant manifeste de la "dolce", le mélange savant des grands films italiens du genre, mais surtout comme une représentation tout à fait avantageuse du triolisme. Qui donne presque envie. Bien que Toto et Tourterelle crèvent l'écran dès les premiers instants, n'en déplaise à la diva qui ne semblait pas y croire, le jeune voleur, qui n'a surement pas changé depuis ses quatorze ans, se dévoile subitement et très violemment à la fin du film. On retrouve tous les codes établis de la tragi-comédie italienne, puis ceux-ci sont brisés. J'ai été surpris, j'en avais perdu le gout, cela m'ai revenu. Comme si les gens ayant participé à son élaboration avaient subtilement su dosé la part de bon à soustraire aux autres films qui constituaient alors le décorum sensationnel du film italien dans sa plus belle époque, sans prendre une miette de mauvais.
Ce film est italien parce qu’il nous dupe. Il nous suggère une émotion, nous la confie à l'avance, nous dit d'être sage et d'attendre, pour finalement nous la reprendre en colérant qu'il n'aurait pas dû. Nous n'y sommes pour rien, nous sommes transportés. ce film fait partie de ces petites pépites italiennes qui tempêtent et nous remettent à notre pieuse place de simple voyeur, nous emportant avec elles contre notre gré, mais avec notre approbation, à la manière de Jean-louis dans la bagnole du fanfaron.
Ce genre de film qui fait qu'on se réveille en cette vieille année 2015 perrave, un verre de liquoreux à la main et l'envie de finir dans le fossé comme Trintignant à la simple vue du box-office de la semaine.
Mind the gap Jean-louis !