Je sais reconnaître un film quand j'en vois un et faire la distinction avec un téléfilm. Cela est le premier point et la première des qualités.
Sur son sujet, Last Cowboy Standing travaille au corps la psychologie des membres d'un foyer et répertorie avec le regard d'un enfant les scories du délitement familial.
C'est donc un film sur un glissement collectif vers l'explosion de la chrysalide familiale et les facteurs qui vont y conduire. Souvent limpide, préservant la part de mystère nécessaire, Last Comboy Standing glisse sans sourciller, sans problème vers son objectif : comprendre pourquoi Rupert est seul et réservé, comme atteint ou faisant état d'une profonde détresse intérieure.
Et si le jeu est sans trop de nuance (sauf pour la mère a un moment), sans doute pour rendre clair le récit, la mise en scène et le décor sont deux éléments qui permettent de jauger la sincérité de ce film. Il ne fait aucun doute que la réalisatrice, sous ses filtres d'apparence, nous raconte quelque chose d'intime... et qui me semble suffisamment distant pour que je puisse en toucher deux mots.
La proximité de la vie de cette famille avec mon expérience personnelle m'a bluffé : j'ai aussi connu le divorce houleux dans mon enfance, j'ai fait preuve de naïveté blessante, j'ai eu une mère dépressive, suicidaire, j'ai beaucoup déménagé aussi, j'ai un frère qu'aujourd'hui je ne vois plus, j'ai bien connu la relation fraternelle et virile, moi aussi un jour j'ai un peu trop joué aux indiens avec lui et je lui ai planté avec mon arbalète une vraie fléchette dans son tibia (alors que je visais la tête).
Cela fait beaucoup de similitudes !
D'habitude, je trouve cela effrayant... Mais ici, j'ai suivi l'oeuvre avec tendresse et empathie. On pourra reprocher que les moments les plus lourds ne le sont pas mais peut-être est-ce là une autre justesse... pour que je puisse regarder. La chose est suffisamment rare pour ne pas saluer le résultat, étant sensibilisé déjà au même.