The last house on the dead end street est un film de 1977 réalisé par Roger Watkins lequel se cachera pendant plus de 25 ans derrière le pseudo de Victor Janos pour la mise en scène et de Steven Morrison pour son rôle en tant qu'acteur principal du film. D'ailleurs quasiment l'intégralité des participants au tournage du film l'ont fait sous un pseudonyme. Last house on the dead end street n'est pas le genre de film qu'il faut analyser sur des critères formelles ou techniques, le long métrage de Watkins ressemble à un film amateur underground expérimental typique des seventies, un film bourré de défauts et graphiquement proche du lamentable mais qui réussit tout de même à fasciner le spectateur, du moins celui qui osera s'y aventurer.


Last House on the Dead end Street raconte l'histoire d'un jeune délinquant qui après un an de prison décide de jouer la carte de la réinsertion en réalisant des films comme personne n'en aura encore jamais vu. Pour se faire il va engager bien malgré eux 4 personnages afin de les torturer et de les assassiner devant la caméra lors de rites aussi grotesques que violents et radicaux, Le film de Watkins flirtant ouvertement avec le thème du snuff movie va se trimballer durant des années une réputation des plus sulfureuse. Si le film demeure encore aujourd'hui éprouvant à regarder ce n'est pas pour les prétendues mise à mort réelles (les effets spéciaux rudimentaires trahissent le moindre petit soupçon) mais pour son ambiance étrange, glauque, sale et totalement maladive.


Last House on the Dead end Street n'a bénéficié d'aucune restauration particulière pour son édition DVD et c'est tant mieux; le grain de l'images, les rayures, les couleurs qui bavent, la surexposition renforcent sans conteste l'impact du film et de son ambiance bien nauséeuse, Il faut vraiment considérer la vision du film comme une expérience unique malsaine et maladive dont certaines scènes aussi étranges que violentes placent le spectateur dans une sorte de brouillard intellectuel entre répulsion, rire moqueur et fascination. Roger Watkins semble vouloir pousser les limites à l'image du personnage du film, qu'il interprète lui même, et qui cherche à aller au delà du possible en matière de cinéma à une époque qui avait déjà éprouvée bien des audaces. On pourrait faire une analyse spéculative sur le sens du film de Watkins qui semble dénoncer une spirale d'un cinéma cherchant toujours à proposer plus que ce qui existe déjà et qui de ce fait conduit à la surenchère et aussi à la dérive, mais c'est assez difficile de trop intellectualiser un film comme celui ci.


Il existe aussi une forme de mise en abîme entre le personnage cherchant à faire son film et Watkins lui même en train de galérer pour faire un film traitant de ce sujet. Toutes proportions gardées, Last House on the Dead end Street est un film qui fait parfois penser à Orange Mécanique ne serait ce que par l'utilisation d'une musique synthétique et l'attitude de poseur de son jeune délinquant de héros mais la comparaison ne va pas beaucoup plus loin tant la maitrise de Kubrick est loin de la mise en scène impulsive et brut de décoffrage de Watkins. On pourrait aussi considérer par certaines scènes notamment le démembrement et l'éventration d'une victime attachée sur une table que Last House on the Dead end Street, est l'ancêtre un peu dégénéré des Guinéa pig et du torture porn ou encore que l'utilisation des masques transparents et du meurtre à la perceuse soit des inspirations directs au futur Driller killer de Ferrara.


En tout cas il est bien difficile de dire après avoir vu le film de Watkins si on l'aime ou non, les critères se trouvent presque au delà du bien et du mal comme du bon ou du mauvais. Le film existe brut comme un coup de poing et il comporte des moments fascinants à force d'être en dehors du bon goût, du bon sens et de la logique. Personnellement je retiendrais cette scène durant laquelle une jeune femme le visage peint en noir se fait longuement fouettée par un pseudo bossu devant un public de petit bourgeois complétement hilares. Et puis arrive la scène culte du film durant laquelle une femme les seins nus tente de faire sucer à un homme attaché une patte de cerf qui sort de son pantalon comme un phallus dressé (??). Watkins convoque alors dans une même scène l'imagerie de la pornographie et de la violence extrême lors de séquences totalement barrées qui dérangent justement dans la mesure ou elles bousculent nos pépères repères de spectateurs.


Si vous voulez vous faire une idée (ou pas) de cet ovni je vous conseille la bande annonce originale d'époque du film qui est assez hallucinante puisqu'elle fait penser à L'exorciste de Friedkin et à The Last House on the Left de Wes Craven sans montrer une seule image du film de Watkins pour proposer au final un film annonce n'ayant absolument aucun rapport avec le film qu'il vend. D'ailleurs je ne sais pas comment on pourrait vendre un truc pareil ?

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le 29 mars 2021

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Freddy K

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