J’attendais beaucoup de Last Shift. Sans doute beaucoup trop d’ailleurs. Non pas que son histoire me faisait saliver, ou même sa pochette pour une fois, mais j’avais adoré le premier métrage d’Anthony DiBlasi, Dread (devenu Terreur pour sa sortie française) dans lequel il adaptait une nouvelle de Clive Barker avec talent. Revoir le jeune homme se lancer dans un nouveau film de genre me plaisait. Et oui, si l’histoire ne me faisait pas saliver car ne cherchant même pas à cacher ces diverses influences, celles ci au moins me parlaient. Il faut dire qu’avec un flic devant garder un commissariat avant sa fermeture définitive, on pense à Assaut de John Carpenter. Le tout avec la promesse de diverses hallucinations, d’apparitions fantomatiques, avec une petite ambiance sombre, on se dit que l’on tient le bon bout. Et si à l’écran, Last Shift respecte bel et bien son cahier de charge, ses influences, et les différents aspects promis par l’histoire, il ne convint pas totalement. Loin de là. Pourtant, tout cela commençait bien, avec cette jeune policière qui pour sa première nuit, se voit en charger de garder un commissariat vide. Mais totalement vide : juste quelques cartons, des cellules vides, aucun autre flic ni individu. Une nuit relax à se faire chier en somme ! Mais DiBlasi réutilise certains effets de son précédent film pour poser une ambiance, et ça fonctionne.
Tout commence doucement pour petit à petit s’accélérer. Le métrage sème le doute chez le personnage et le spectateur. Hallucinations ? Vengeance d’outre tombe ? Un individu débarque dans le commissariat, et rapidement tout dérape, et il se fait enfermer en cellule. Puis la lumière vacille, des ombres apparaissent, des sons étranges, des portes se ferment, d’autres s’ouvrent tandis que certaines refusent de s’ouvrir. Du classique en soit, mais le réalisateur maîtrise son ambiance et on se prend en jeu. Il nous donne des pistes avec cette secte d’illuminés qui fut enfermée dans les locaux quelques temps plus tôt, et nous offre même quelques apparitions faciles mais réussies, puisque le look de ses apparitions se fait plutôt original. Malheureusement, si malgré son manque d’originalité, le métrage parvient à interpeller au début en nous proposant une ambiance maîtrisée, le réalisateur étire un peu son concept, si bien que l’intérêt va descendre progressivement.
À force de vouloir jouer sur le mystère et les apparitions tout le long du métrage, en enchaînant les moments étranges (la rencontre avec le flic qui semble sympathique, les vidéos des membres de la secte), le film se perd alors. Pire, c’est l’ennui qui pointe le bout de son nez au bout d’un moment. La dernière demi-heure de film se verra alors dans une certaine indifférence, alors que l’on voit encore et toujours des moments amenant les mêmes questions, les mêmes apparitions encore et encore. Tout s’accélère certes, mais peine à se renouveler véritablement. Alors quand forcément, le fin mot de l’histoire tombe et que le final nous fait crier « hein ? Tout ça pour ça ? Sérieusement ? », on sort fortement déçu de ce nouveau film d’Anthony DiBlasi. Et c’est dommage, car la mise en scène n’est pas mauvaise, une ambiance se dégage du film durant sa première partie, mais on a trop l’impression que passé son concept, les deux scénaristes ne savaient pas dans quelle direction aller afin de rendre le métrage assez long. Dommage, grande déception même si ça reste regardable.
Chronique avec photos ici : http://www.darksidereviews.com/?p=33267