Allez savoir pourquoi mais Late Night With The Devil faisait parti de mes plus grosses attentes horrifiques de 2024. Peut être à cause de son ambiance seventies, de la promesse d'avoir enfin un found footage un peu plus original et pouvant surnager au dessus de la masse insipide du genre ou simplement l'espoir d'un vrai film d'horreur capable de foutre un minimum la trouille. A l'arrivée Late Night With The devil est une amère déception car en dehors de son indéniable réussite visuelle le film ne propose rien de bien transcendant et/ou nouveau.
Late Night With The Devil nous raconte l'histoire de Jack Delroy un présentateur de Late Show en perte de vitesse qui organise pour célébrer Halloween une émission spéciale paranormal en espérant ainsi remettre un coup de boost à son audience. Forcément rien ne va vraiment se passer comme prévu et le film nous propose de (re)découvrir le show tel qu'il s'est déroulé à l'époque.
Les deux réalisateurs Cameron et Colin Cairnes auquel on doit la sympathique comédie horrifique 100 Bloody Acres en 2013 se lancent donc ici dans un projet d'horreur concept bien plus ambitieux avec Late Night With The Devil. Techniquement et visuellement le pari est donc pleinement réussi et même si pour certains aspects c'est une Intelligence artificielle qui a fait le boulot, la reconstitution de l'ambiance des années soixante dix est incontestablement l'un des points forts du film. Ambiance, lumière, costumes, décors, phrasé des personnages, patine de l'image tout nous replonge avec délice 50 ans en arrière avec tout de même une sérieuse réserve qui vient du fait que ce type de Late Show de l'époque dans ses codes et ses mécaniques (même si elles perdurent) restent relativement étrangère à notre culture. Du coup les deux réalisateurs auront beau truffer leur film de références en s'inspirant notamment pour leurs personnages de fiction de personnalités réelles de l'époque tout en titillant la fibre nostalgique des fins de soirées de la TV US, pas mal de choses nous passerons sans doute par dessus la tête. En tout cas on croit globalement à ce que l'on voit à l'écran et les deux réalisateurs contournent assez habilement le carcan et les facilités du found footage en proposant un film qui adopte simplement (ou presque) les codes d'une émission TV de son époque. Car même dans ce concept plutôt malin, les deux réalisateurs vont finir par s’empêtrer les pieds dans les câbles d'une mécanique un peu trop voyante en proposant par exemple des séquences des coulisses du show durant les coupures publicitaires qui sont filmées en noir et blanc alors que cela n'a aucune véritable justification et que ça me semble juste être un truc un peu grossier pour que les spectateurs (qui visiblement ont besoin d'explications) comprennent clairement que l'on est plus en direct mais bel et bien côté backstage. Ce truc purement cinématographique plus l'intervention d'un producteur avide d'audimat grossièrement caricatural viennent déjà mettre un peu de plomb dans l'aile de cette prétendu vérité des images (Mais bon personne n'est dupe de toute façon). C'est dommage car globalement que ce soit d'un point de vue technique et au niveau du reste du casting, le reste fait plutôt illusion avec un excellent David Dastmalchian ( j'espère qu'ils sont 101 dans la famille) dans le rôle du présentateur vedette du show.
D'un point de vue horrifique le film est en revanche une très grosse déception. Là encore les deux réalisateurs auront beau nous expliquer que leur film est truffé de références à des personnalités de l'occulte ayant existé, à des films tels que Rosemary's Baby ou L'Exorciste et que si l'on regarde bien on verra des apparitions quasi subliminales de fantômes ici et là, ce qui m’importe bien plus que les intentions sur le papier reste le résultat sur l’écran et les émotions qu'elles suscitent. Et là clairement le compte n'y est plus et le film avance dans une mécanique assez prévisible, nous ressort la panoplie des clichés de films de possession jusqu'à vider le film de toutes tensions et ne laisser que l'impression d'une coquille un peu vide et d'un brillant concept qui ne pouvait clairement pas se suffire à lui même.
Comme toutes les déceptions relatives à une attente peut être démesurée Late Night With The Devil demandera sans doute un second visionnage pour être réévaluer à sa plus juste valeur. En attendant avec sa panoplie habituelle des clichés de films de possession, le film ne tire pas grand chose de son intéressant concept de départ et s'avère bien trop avare en frissons pour s'imposer comme une référence du genre.