Laurin constitue une anomalie dans le paysage cinématographique allemand tant par son mélange des genres, rencontre entre l’historique et le fantastique, que par ses emprunts européens, du giallo italien aux productions érotico-horrifiques françaises : l’esthétique chatoyante plongeant la campagne environnante dans des brumes oniriques rappelle certains tableaux de Turner et contribue à inscrire le récit dans le début du XXe siècle. La superbe photographie de Nyika Jancsó restitue également cette atmosphère propice au conte, à la linéarité perturbée par les visions de la jeune fille, ainsi que par des digressions et une opacité d’ensemble. Robert Sigl, qui signera plus tard les deux volets de la saga calamiteuse School’s Out (1999 et 2001), demeure cependant au stade de la reconstitution et de l’amplification d’un cauchemar devenu scénario, sans lui donner l’ampleur rythmique – plus le film avance, moins il captive – et narrative nécessaire à son élévation symbolique. L’expérience n’est que visuelle et sonore, réduisant l’apologue à sa forme stricte sans considération aucune pour la vérité morale ; les enfants n’apprennent rien, figures que l’on agence au sein du cadre par souci de beauté. Un exercice de style intrigant mais limité.