Law and order
6.2
Law and order

Film de Edward L. Cahn (1932)

« J’ai quelques comptes à régler avant de partir »

Le mythe du shérif solitaire soucieux de rétablir dans sa ville « la loi et l’ordre » renvoie, bien évidemment, au personnage de Wyatt Earp, auquel le film offre une déclinaison tout à la fois audacieuse, compte tenu de l’époque de réalisation, et empesée si l’on s’attarde cette fois sur la mise en scène d’Edward L. Cahn et sur l’écriture des dialogues. Nous avons l’impression désagréable de regarder une thèse illustrée qui tient son spectateur par la main pour bien lui faire tout comprendre : propos explicatifs et répétitifs – le titre se voit prononcé ad nauseam, on philosophe sur le révolver à six coups comme s’il s’agissait d’une métaphore de la marche de l’Ouest américain –, interprétations caricaturales à la limite de l’outrance, absence de profondeur dans la caractérisation des personnages et d’authenticité dans la reconstitution d’une Tombstone dépourvue de vie et d’aspérités véritables. Les méchants y sont trop méchants, les tricheurs trichent trop ; seul le justicier révèle à terme un visage ambivalent, cédant à la vengeance lorsqu’il tient dans ses bras un frère de longue date.


Nous retiendrons néanmoins un regard désabusé porté sur la conquête de l’Ouest : les cowboys ne sont plus ces pionniers héroïques mais une bande de voleurs sans foi ni loi qu’il convient de corriger ; nous entendons d’ailleurs une phrase en avance sur son temps, suivant laquelle « ce ne sont pas les Indiens qui causent les problèmes dans l’Ouest, c’est le révolver à six coups ». Les armes à feu rendent forts les faibles et les médiocres puissants. Pas de quoi cependant en faire un « chef-d’œuvre » maudit et oublié, dixit certains historiens du cinéma préoccupés davantage par leur statut d’archéologues et de mémoires vivantes du septième art que par la qualité intrinsèque d’un film tout juste passable.

Créée

le 10 oct. 2021

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