Pour avoir chapardés des confiseries dans une épicerie et salement amochés le propriétaire qui tentait de les retenir, Jimmy et sa bande d'adolescents rebelles sont envoyés devant le juge pour enfants puis direction la maison de redressement pour une année entière. Si la punition part d'une bonne intention, à savoir remettre les gosses dans le droits de chemin et leur apprendre l’âpreté et la tranquillité gratifiante d'une vie d’honnête, l'exercice s'avèrera des plus catastrophiques et des moins concluants. A la tête de la petite ville-prison, le dirlo et son bras droit le comptable mène en effet une vie d'enfer aux pensionnaires et s'enrichissent bassement sur leur dos. Un spectacle que Patsy Gargan, un agent électoral pas très à cheval sur la loi (il vend des électeurs aux plus offrants et gère une organisation criminelle) lui aussi passé par la case pénitencier, a du mal à supporter. De sa récente situation de recteur adjoint, venue récompensée son magnifique travail au cours des dernières élections, Patsy demande très vite à être promu à la tête du pénitencier. La promotion sera compliquée à obtenir mais à force de ruses et de persuasion, voilà l'ancienne petite frappe à la tête d'une nouvelle fournée, bien décidé à remettre toute cette engeance dans le droit chemin. Son leitmotiv : l'autogestion. Un maire, un tribunal, une épicerie et un chef de police sont ainsi désignés par les pensionnaires pour les pensionnaires. Un modèle qui plait fortement à la séduisante infirmière amoureuse du genre humain qui plait fortement au séduisant nouveau directeur de l'établissement amoureux du genre féminin mais qui plait nettement moins fortement à l'ancien directeur pas franchement amoureux de quoique ce soit d'autre que sa pomme. Dans un accès pernicieux, il tentera même, dans un dernier coup de poker, d'évincer le jeune idéaliste, alors embourbé dans une affaire de trahison et de possible meurtre par légitime défense, pour reprendre les rennes de son entreprise et se refaire la cerise (c'est un homme fruité qui finira en compote caramélisée)... Mais les enfants ne l'entendent pas de cette oreille et, passé un stade dans le sadisme et le mauvais traitement, règleront son compte au vieux fonctionnaire réactionnaire.
De tous les films de l'ère Pré-code que j'ai vu, The Mayor of Hell était sans doute celui qui m'inspirait le plus. Une histoire d'enfants emprisonnés dans un pénitencier dirigé d'une main de fer par un directeur rapia, sadique et autoritaire sur fond de Grande Dépression suffisait largement à faire naître en moi le feu de la possible découverte d'une pépite du cinéma des années 30. Ajouté à cela la présence au casting de l'immense Jimmy Cagney et du non moins immense Jimmy-Cagney-like Frankie Darro (qui avait été impérial la même année devant la caméra de Wellman dans Wild Boys of the Road et qui déjà laissait présager des aptitudes "cagneyesque") et mon enthousiasme était à son paroxysme. Si le film est bon et jouit des qualités inhérentes aux films de l'époque (c'est encore l'ère Pré-Code avec son lot d'alcooliques sympathiques, de truands amusants et de petites frappes touchantes), il est tout de même un ton en dessous de mes attentes. La faute à une intrigue secondaire autour du personnage de Cagney pas franchement nécessaire à la structure du récit et même plutôt handicapante à l'élaboration d'une romance crédible. C'est dommage parce que le reste est impeccable qu'il s'agisse du jeu appuyé de Jimmy et Frankie devant la caméra, ou de l'inspiration et de l'énergie de Mayo derrière. Un film qui en rappelle d'autres, plus contemporains, comme le très bon Brubaker de Rosenberg (pour l'autogestion des prisonniers et la compromission) et le très moyen Les évadés de Darabont.
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