Le Bossu de Notre-Dame
6.6
Le Bossu de Notre-Dame

Long-métrage d'animation de Gary Trousdale et Kirk Wise (1996)

Inspiré librement du roman « Notre-Dame de Paris » de Victor Hugo, paru en 1831, 34ème classique des studios Disney, Le Bossu de Notre-Dame, réalisé par Gary Trousdale et Kirk Wise propose aux fans une œuvre dépourvue de féérie, sérieux, dramatique, injuste, mais remplit d’espoir, montrant une nouvelle fois que l’apparence physique ne fait pas tout. Faites la connaissance du sonneur de cloches de Notre-Dame…


Disney sonne les cloches des moqueurs


Souvenez-vous, en 1992, dans la Belle et la Bête, les studios Disney prouvaient que la beauté venait du cœur et non de l’apparence physique. Quatre ans plus tard, sans malédiction ni aucune forme de magie, les studios reviennent avec un nouveau film Le Bossu de Notre-Dame, poussant le spectateur à réfléchir sur le handicap. Le héros de notre histoire, c’est Quasimodo, personnage dont la signification du prénom n’est autre que « Difforme ».


Arraché des mains de sa mère, une Gitane, alors qu’il n’est encore qu’un bébé, Quasimodo avait failli mourir noyé dans un puits lorsqu'il fut découvert par le terrible et manipulateur juge Frollo. Sous l'œil de l'archidiacre et de Notre-Dame, le juge, craignant de perdre son âme, suivit les conseils de l'archidiacre et éleva l'enfant difforme comme s'il était le sien. La seule condition, que l'enfant demeure dans la cathédrale à l'abri des regards extérieurs. Des années plus tard, Quasimodo à bien grandit, vit « paisiblement » dans Notre-Dame, travaille sur sa petite maquette de la place de Notre-Dame, et sonne les cloches, comme tous les jours. Hormis ses trois amis gargouilles: La Rocaille, La Muraille, La volière, et Frollo, "Quasi" n'a aucunes interactions avec le monde extérieur.


Là, on se rend compte qu'entre lui et la princesse Raiponce, il y a deux points en communs. Les deux jeunes gens ont été enfermés contre leur gré dans une tour, et rêvent en secret de découvrir le monde extérieur. Cependant, contrairement à Raiponce, Quasimodo n'est pas un jeune homme comme les autres. Bossu, présentant diverses malformations au visage, Quasi est monstrueux. Et pourtant, sa voix douce et son si grand cœur en font un être exceptionnel. Mais qui pourrait malgré tout l’accepté ? Serait-ce Esméralda, jeune bohème qui tapera dans l’œil de notre héros lorsqu’il finira par assisté au carnaval ?


Le Bossu de Notre-Dame est dur, injuste, sombre. Montrant la cruauté et la méchanceté de l’être humain, on souligne bien qu’en bas de la cathédrale, c’est la haine et le mépris pour les gens différents. Mais Quasimodo, il veut quand même voir le monde extérieur, lassé de vivre comme une sorte de prisonnier enchainé. Pour ça, le Bossu de Notre-Dame est terriblement émouvant, ne pouvant empêcher certains se sentant plus ou moins exclues de par leur personnalité et leur identité, d’éprouver une forte empathie pour son héros.


Face à lui, Esméralda. Culottée, agile, intelligente, sexy, Esméralda c’est Aladdin version féminin. Sa relation avec Quasimodo touche au plus profond du cœur. On aimerait que nos deux personnages finissent ensemble, tout comme l’ont été avant eux La belle et la bête. Soucis, Esméralda ne voit en Quasimodo qu’un ami précieux. Oui, Esméralda/Quasimodo : le parfait exemple de ce que c’est la Friendzone. Autre problème, l’arrivée de Phoebus, beau capitaine de la garde, séduit par la belle bohémienne qu'il défendra au péril de sa vie. Un petit triangle amoureux ?


Beaucoup de chansons dont le but premier, tout comme d’autres films avant lui, n’est autre que d’exprimer le ressenti de nos personnages, Le Bossu de Notre-Dame a de grosses allures de comédie musicale, bien qu’il subsiste de nombreux passages dialogués. La légère touche humoristique de notre film profondément sérieux et inspirant, on la doit à nos trois gargouilles. Grâce à elles, on évite de faire une œuvre trop pesante.



Frollo avait raison. Je suis fatigué d’être ce que je ne suis pas.



Quand Disney prenaient plaisir à jouer avec notre empathie


Réflexion sur l'exclusion et ses conséquences, hymne à la tolérance, ode à l'amitié et à l'amour, sacrifice de soi, hospitalité, religion, et si la morale de cette histoire était l’acceptation ? Et si cette fois on nous offrait autre chose que le célèbre « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants » ? Disney et son Bossu de Notre-Dame ose offrir aux petits comme aux plus grands une œuvre différente. Complexe, mature, injuste, sombre, un poil violent, ce Disney se démarque de ces prédécesseurs, offrant une fin inédite pour les studios. D’ailleurs, la fin, contradictoire en vue de son sujet, bien que joyeuse alors que la version romancée ne l’était pas, ne pourra cependant empêcher certaines et certains d’avoir un léger gout d’amertume.


Environnement en 3D, prises de vues aériennes, expressivité des personnages, techniquement, Le Bossu de Notre-Dame voit Disney aller encore plus loin dans l’animation. On sent l’immersion, la sensation de vertige voyant Quasimodo jouer les acrobates sur la cathédrale, le réalisme d’un vieux Paris , la célèbre cour des Miracles, et de Notre-Dame reconstitué à la perfection, les effets d’ombres sur éléments du décor et les vêtements des personnages (cf la scène de spectacle où Esméralda affiche ses formes généreuses dans sa jolie robe rouge).


Tout a été travaillé au millimètre près. Rien que les effets de la lumière du soleil se reflétant sur le vitrail de l’église vous montrent la recherche de l’équipe du film. La scène du carnaval costumé faisant pleuvoir des confettis, les centaines de figurants fournissant diverses émotions tout au long de notre histoire, l’attaque de Notre-Dame, Disney frappe fort…encore, et en plein cœur.



Toute ma vie vous m’avez répété que le monde est noir et cruel et
méchant ! Maintenant je vois que les seuls êtres noirs et cruels ici
bas, ce sont les gens comme vous !



Au final, Le Bossu de Notre-Dame, chef d’œuvre absolu, magnifique adaptation du roman de Victor Hugo, qui, même si elle enjolive la véritable histoire, est techniquement et musicalement irréprochable. Personnages attachants, méchant cruel détestable, dialogues adultes, légère pointe d’humour histoire de ne pas sombrer dans la dépression, musiques d’Alan Menken et chansons inoubliables (la puissante « Rien qu’un jour » chantée par Quasimodo), ce Disney est une véritable ode à l’amitié nous rappelant que la vraie beauté n’est pas celle que l’on voit.

Jay77
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le 5 mai 2018

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