Un film à oublier, Bertrand
Il y a un truc, au bout de près d'un siècle de longs métrages, que le cinéma français n'a toujours pas compris. Ce qui est au théâtre doit rester au théâtre, et ce qui est au cinéma doit rester au cinéma. C'est vraiment insupportable de voir des personnages constamment gueuler comme s'ils devaient emplir l'espace de leur voix, gesticuler comme s'ils avaient peur que leurs émotions ne se comprennent pas s'ils faisaient preuve d'un peu plus de sobriété. Le jeu d'acteur, s'il passerait peut-être sur les planches d'une salle parisienne, est ridiculement porté à l'écran dans ce huis-clos. Alors certes, le scénario regorge de bonnes idées : l'écrivain maudit qui noie son chagrin dans l'alcool ; la personnification du cancer ; les différentes phases de rejet, d'acceptation et de lutte face à l'inéluctable ; la solitude, l'amour, la mort, toussa toussa. Encore aurait-il été judicieux de les exploiter. Entre incohérences énormes, mise en scène grotesque et passages inutiles, on passe à côté du sujet. Une des grosses déceptions de ces dernières années. Au final, on a juste envie de faire comme Dujardin : se murger pour oublier la sale gueule de Dupontel, et le fait qu'on vient de regarder du cinéma français comme on aimerait ne plus jamais en voir.