De tous les sous genre les plus crapoteux que compte le cinéma d'exploitation il en est un peut être un peu plus douteux que tous les autres et qui est la Nazisploitation. Même si ce ne sont généralement et finalement que de vulgaires films de femmes en prison avec des nazis en guise de matons, ces films renvoient tout de même à l'une des pages les plus tragique et honteuse de notre histoire pour en faire un objet de divertissement. Après de longues années d'interdiction en tant que Nasty Videos , le BBFC ( British Board of Film Classification) résumera plutôt bien la situation lors de la ressortie du film en 2005 en disant : « Camp expérimental SS" n'est ni illégal ni nocif, juste de mauvais goût » . Car effectivement faire de l’holocauste et des camps de concentration un simple décorum et prétexte pour exposer des corps dénudées et des sévices reste et restera toujours moralement très douteux. Le Camp des Filles Perdues également connu sous les titres de Horreurs Nazis, Lager SSadis Kastrat Kommandantur ou SS Experiment Love Camp est un film de 1976 réalisé par l'un des francs tireurs et artisan du bis italien Sergio Garrone à qui l'on doit quelques westerns mineurs comme Une Longue File de Croix ou Abattez Django Le Premier.
Le Camp des Filles Perdues nous raconte l'histoire d'un camp de prisonnières dans lequel un officier nazi ordonne des expérimentations médicales douteuses sur des jeunes femmes juives. Avec l'aide quelques soldats triés sur le volet, d'infirmières et de médecins il ordonne viols, tortures et prostitution en espérant trouver un remède à ses propres maux.
Comme je l'évoquais un peu plus haut dans cette critique, Le Camp des Filles Perdues outre son décorum et ses costumes de nazis n'est finalement qu'un films de femmes en prison comme il en existe par paquets de douze. Inutile donc d'espérer un regard historique, politique ou sociale, on a juste trouver un cadre idéal pour avoir des méchants grimaçants e costume d'apparat qui vont soumettre d'innocentes victimes. Comme dans tout bon W.I.P. qui se respecte on y retrouve une certaine propension à dénuder de jolies actrices toujours bien maquillées à la moindre occasion, les matons sadiques, les sévices sexuels, les prétextes médicaux fallacieux, les doctoresses lesbiennes et les tortures. Dans le cas du film de Sergio Garrone l'idée générale du scénario est tellement conne qu'elle prêterait presque à sourire face à tant de mauvais goût. Car ce que révèle le résumé de Sens critique est en fait plus ou moins gardé secret durant tout le film jusqu'à une pseudo révélation finale assez croquignolette. Effectivement le colonel à la tête du camp interprété par Giorgio Cerioni cherche désespérément à se faire greffer une paire de couilles depuis qu'une jeune femme les a arracher d'un coup de dents sur le champ de bataille après un viol, ce qui explique (enfin tout est relatif) qu'il recherche le meilleur membre du partie en regardant lequel de ses valeureux soldats copule le mieux. Histoire de rajouter un peu d'émotion et une dimension plus dramatique dans ce gros cloaque marécageux le film nous sert une histoire d'amour malheureusement pas bien convaincante entre l'un des soldats et une prisonnière juive façon coup de foudre au premier regard.
Pour le reste si l'on parvient à faire un peu abstraction de son cadre historique Le Camp des Filles Perdues rempli relativement bien son contrat niveau film d'exploitation. L'érotisme certes bien plus glauque que joyeux est omniprésent, les comédiens et comédiennes font le boulot avec la caractérisation minimale de leurs différents personnages, les méchants sont vraiment méchants, les gentils sont d'innocentes créatures et à la fin les plus salauds des deux finiront par être punis histoire que la morale soit à peu près sauve. Il reste toujours ce contexte historique écrasant qui empêche de pleinement apprécier le film surtout lorsque Sergio Garrone nous montre des filles nues qui ondulent et se trémoussent en transparence avec des flammes en premier plan, le tout pour évoquer les fours crématoires (difficile d'excuser ce type de faute de goût)
Il reste alors cette question en balance dans mon esprit : est ce que Le Camp des Filles Perdues est un film plaisant ? Est il plaisant de regarder tortures, viols et humiliations dans le cadre d'une fiction alors que l'on est à ce point borderline avec une sinistre réalité historique ? Bizarrement je ne me pose quasiment jamais ce type de question face aux pires films d’horreurs que j'ai pu regarder (et qui pourtant peuvent se rapprocher de sordides réalités) mais dans le cas de la nazisploitation j'ai toujours ce petit problème de conscience qui vient parasiter mon esprit. Pourtant cela ne m'empêchera pas de continuer de regarder des films dans la même veine.