Clint the legend
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le 20 févr. 2020
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Voilà longtemps que je n'avais pas entendu à la radio et lu de propos aussi misandres, antiblancs, antigros, antipauvres&célibataires qu'à l'occasion de ce film.
Par exemple, France Inter (01/03/20):
"(il) a rien pour lui, il est gros et moche".
(d'autant plus choquant et ironique car entendu sur ma radio publique favorite qui se veut plus morale, inclusive et progressiste).
Or dés la très bonne première scène, ce personnage nous est présenté comme: travailleur, en CDI, attentionné, intègre, dévoué, attentif, serviable, organisé, discret, poli et ayant des scrupules.
Et ce, dés la toute 1e scène.
D'autant que "il est gros et moche" sera justement ce que dit à son sujet la journaliste arriviste qu'Eastwood est reproché d'avoir faite trop "incompétente et superficielle" (sic).
Il est reproché à Eastwood d'avoir insidieusement fait une caricature d'une mauvaise journaliste.
C'est d'abord faire peu de cas de la judicieuse et crédible actrice Olivia Wilde.
Et c'est surtout oublier que ce réalisateur soi-disant macho ce coup-ci, a déjà fait de beaux portraits de journalistes femmes.
Il est accusé de misogynie et de caricature dans sa représentation d'une journaliste, alors:
1) _qu'il avait dans son film 'True Crime'/Jugé Coupable (1999) comme toute première héroïne, elle, une bonne journaliste, elle:
jouée alors par Mary McCormack (The Newsroom/West Wing) qui boit avec Eastwood au bar et lui donne l'idée du scoop...il va enquêter pour lui rendre hommage et prouver qu'elle avait, elle, bien raison. Il répétera d'ailleurs: "elle était vraiment, vrai-ment , un as dans sa profession".
2) _et alors, qu'entre autres, en 1993 dans 'Un Monde Parfait', il dénonçait déjà le harcèlement en montrant notre Laura Dern se faire emmerder par gros macho gênant, Bradley Whitford.
Ce genre de journalistes nulles et/ou maladroites décrites dans le film ne sont pas que dans le service public mais aussi dans le privé: il ne devrait rien y avoir de vexant quand une est exceptionnellement présentée comme telle dans un film:
"Là, ce type qui n'a rien pour lui, qui est gros, moche, qui est à la fois obsessionnel, bizarre et en même temps très ordinaire" (Sophie Avon, souvent meilleure que ce coup-là)
C'est ce que dit en... gros la journaliste dans le film:
(j'aurai dû deviner que c'est lui le tueur), "le gros moche"... "that fat fuck"
(ajoutant qu'il vit chez sa mère).
C'est donc ironique qu'elle reproche à Eastwood au sujet de la journaliste d'être:
" au-delà du cliché, c'est vraiment archaïque comme façon de voir les choses et ça n'apporte rien dans le récit, que ce soit vrai ou pas… C'est vraiment un choix tout à fait déplorable."
J'avais d'ailleurs entendu la même semaine, le même genre de propos en plus mâtiné mais tout aussi condescendant, sur France Culture, par une (bonne) journaliste dans l'émission de critiques cinéma à 19h le vendredi :
"...gros petit garçon obèse" (Murielle Joudet ) "qui peut faire du mal",
Lucile Commeaux ajoutant: "&la fin...son regard... en effet il a sauvé peut-être (sic) quelques vies, mais moi, franchement, je lui ferais pas confiance."
D'abord, pourquoi "peut-être"? ...il a réellement sauvé des vies.
Ensuite, au sujet de ce quasi délit de faciès, Paul Walter Hauser et son regard... seront très drôles comme co-auteur et collègue d'Emma Thompson dans 'Late Night'.
C'est décevant d'entendre "il est gros et moche et n'a rien pour lui" dans une émission phare de critiques et de journalistes,
puis dans une autre "il a sauvé peut-être (sic) quelques vies, mais moi, franchement, je lui ferais pas confiance ",
de la part de ceux qui reprochent au réalisateur de caricaturer la journaliste,
alors que la réalité dépasse donc plutôt souvent la fiction...
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Créée
le 19 janv. 2023
Modifiée
le 23 août 2021
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