Clint the legend
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La première fois que j'ai été confronté au mot "attentat" et que j'ai compris que ça ne sentait pas bon du tout, c'était lors des jeux olympiques d'Atlanta en 1996. Malgré la malheureuse allitération entre ces deux mots, j'avais conscience du haut de mes 6 ans, que quelque chose de grave s'était passé. Et pourtant, en 1995, le GIA avait frappé la France mais en maternelle, j'avais juste entendu parler du fameux plan Vigipirate...
Atlanta, Géorgie, 1996, jeux olympiques du centenaire. Grandiose cérémonie d'ouverture ponctuée par l'embrasement de la flamme olympique par le mythique Mohamed Ali, qui bien que diminué, a rempli sa mission avec assurance. C'est ce cadre qu'a choisi Clint Eastwood pour son énième film. Car en dehors des épreuves sportives, il s'est également tramé une bien triste histoire autour de l'attentat du parc du centenaire. Et comme pour son récent Sully, celui que l'on voit d'abord comme un héros, va rapidement se retrouver sur le banc des accusés.
Clint Eastwood aime ces personnages de héros contestés, et il est vrai qu'ils sont intéressants. Mais avant d'en arriver au fameux Richard Jewell qui a découvert la bombe sous un banc, Clint Eastwood lance son film avec une mise en place narrative parfaite. Il présente et développe chacun de ses personnages avec soin. Jewell dans son petit boulot dans un cabinet d'avocat, avec son objectif d'intégrer les forces de l'ordre. L'avocat pugnace Bryant. La journaliste avide de scoops Kathy Scruggs. L'agent du FBI Tom Shaw de corvée de parc durant la durée des jeux olympiques.
Dans sa mise en scène, Clint Eastwood reconstitue également avec minutie cette ambiance si particulière des années 1990. Grâce notamment à la musique, entendue lors des concerts où les gens font la fête de façon innocente dans ce parc, et en profitent pour danser la fameuse Macarena. Et c'est dans cet océan de douceur que le terrorisme vient frapper. D'une situation d'une banalité et d'un ennui sans nom, on passe à un état de grande tension.
Tout change. La journaliste intrépide, d'abord ennuyée de quitter ses faits divers pour le parc, retrouve ses vieux réflexes. L'agent du FBI prend les choses en main et se retrouve à la tête d'une enquête de grande ampleur. Et notre Jewell jouit enfin de la reconnaissance à laquelle il aspire. Mais si chacun des personnages semble avoir atteint son objectif, paradoxalement grâce à cet attentat, tout cet ordonnancement va être détraqué lorsque le héros deviendra le suspect. Car oui, il est gros, il habite toujours chez sa mère, et il fait du zèle, beaucoup de zèle, tant il a besoin de reconnaissance. Cela en fait un suspect parfait pour les profilers du FBI.
Mais étrangement, de cette situation dégradée, Clint Eastwood va trouver beaucoup de moments de vrai humour. Lorsque l'avocat interroge son client sur sa possession d'armes et que ce dernier répond simplement qu'ils sont en Géorgie.
Mais plus que l'humour, c'est la critique acerbe de la presse et des gouvernements qui jalonne ce film. De la presse qui en pensant relater de simples faits ne se rend même plus compte qu'elle crée de l'opinion. Et ces malheureuses forces de l'ordre qui ne savent aller que dans le sens qui renforce leurs certitudes, au lieu de regarder les faits rationnellement. Le FBI semblant à tout prix vouloir faire entrer le suspect dans un profil au lieu de regarder sa capacité matérielle à commettre le crime... Ainsi, l'assistante de l'avocat, sans doute d'origine soviétique, a une réplique parfaite, en disant que là d'où elle vient, lorsque le gouvernement accuse quelqu'un, cela signifie qu'il est innocent.
Tout rentre évidemment dans l'ordre à la fin, et la leçon qu'a retenue notre héros, c'est que dans l'épreuve, il a vu le vrai visage des forces de l'ordre qu'il admirait tant, et ça, c'est un réel parcours initiatique.
Enfin, saluons ce casting avec le parfait Paul Walter Hauser, dans le rôle de Jewell, un peu gauche, un peu naïf mais finalement pas tant que ça. Beaucoup de retenue mais aussi, beaucoup de choses exprimées sur son visage, surtout lors de cette scène où on lui annonce qu'il n'est plus sous enquête. Sam Rockwell en avocat bagarreur qui trouve toujours les ressources pour guider son client. Jon Hamm (aka Don Draper), le parfait archétype de l'américain des forces de l'ordre, grand, beau, intelligent et trop sûr de lui, qui offre une parfaite opposition à Jewell. Et enfin, la trop rare Olivia Wilde, qui rayonne par son audace de journaliste et touche par son humanité.
Le Cas Richard Jewell donne à découvrir un personnage attachant, accusé à tort. Mais cette épreuve lui a fait prendre conscience de certaines choses, et par la même occasion, le public aussi a pris conscience de ces choses.
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Créée
le 22 févr. 2020
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