Jewell ravive le cas Clint Eastwood

  Après LA MULE qui sonnait comme un film de fin de carrière, l'impérissable Clint Eastwood nous surprend une fois de plus avec son nouveau long métrage LE CAS RICHARD JEWELL; de quoi nous montrer que le bonhomme de 89 ans n'a pas dit son dernier mot sur grand écran. De fait, la baisse de qualité certaine dans ces derniers films ne va pas de paire avec l'envie inexpugnable de Clint Eastwood de nous parler de cette Amérique qu'il aime à défendre et chérir au plus haut point, sans oublier d'en dépeindre ses vices les plus ancrés que ce fut racisme dans LA MULE  ou bien ici le pouvoir des médias avec LE CAS RICHARD JEWEL. Si ces derniers films ne font pour la plupart pas l'unanimité, il en reste cependant que ce qui continue de fasciner chez Clint Eastwood c'est ça capacité à s'adapter à son époque malgré son vieil âge, et à sans cesse dénoncer de nouvelles choses tout en gardant à l'esprit les thématiques qui l'intéresse (à savoir le patriotisme, le sens du devoir, la rectitude, …). Il n'empêche que Clint Eastwood n'en finit pas d'avoir des choses à raconter et ne tombe pas dans le recyclage de ce qu'il a pu faire avant en moins bien (on n'évoquera pas THE IRISHMAN de Martin Scorcese par exemple). Clint Eastwood tente, essaye, innove et même s'il peut passer par des échecs relatifs (LE 15 H 17 POUR PARIS, SULLY), ses succès n'en sont que plus retentissant et verdoyant de qualité graphique et de brillance intellectuelle (AMERICAN SNIPER, LA MULE). 
      Maintenant que la parenthèse Eastwood est faite, reste à savoir dans quelle case rangera-ton LE CAS RICHARD JEWELL : énième claque du réalisateur qui ne se lasse pas de nous en mettre plein la vue, ou appel à l'aide d'Eastwood pour qu'on le sorte enfin du cinéma sous civière.

Pour ma part, j'ai passé un très agréable moment devant le film. Ca ne brille pas d'intelligence, ça ne réinvente pas le cinéma, on est pas devant des idées visuelles ultra phantasmagorique. Mais on est face à l'œuvre d'un cinéaste de métier qui nous propose un film simple et clair qui se regarde très facilement. LE CAS RICHARD JEWELL est sincèrement agréable à voir, je n'ai senti pour ma part aucun cassage de rythme, aucune incohérence ou bordel scénaristique qui me sorte du film ou me fasse regarder la montre. Par ailleurs, le film est porté par des acteurs qu'on apprécie voir à l'écran tant leurs prestations sont rares et consternantes de qualité à la fois au cinéma, je pense notamment à Sam Rockwell et Jon Hamm. C'est juste bon, c'est pas lent au contraire c'est rythmé par des rebondissements et du suspens. Au niveau des couleurs on reste dans l'esthétique assez sombre de Clint Eastwood, y'a notamment une scène qui me reste en tête c'est celle du premier interrogatoire au FBI dans laquelle l'esthétique se confond parfaitement avec la tension montante et la noirceur des personnages. Au final ses intentions sont claires dénoncer l'influence et l'impact des médias et le message est facilement compris. Clint Eastwood évidence ici le fait que le cas richard Jewell n'a lieu que par la sur-présence et l'avidité des médias, déjà montante au tournant des années 2000. Sans la présence des médias dans l'enquête, le "cas Richard Jewell" aurait était réduit au simple rang de soupçons infondées sans que les enquêteurs ne se fassent embourber par les médias. En effet, une fois la suspicion de Jewell porté aux médias, les agents du FBI se sont sentis dans l'obligation de confirmer la véracité de leurs soupçons devants le monde entier.

  En bref, un film qui ressasse un scandale vieux de 20 ans mais qui ne peut être plus d'actualité à l'heure de la diffamation et fake news en tous genres qui semblent de plus en plus nourrir les esprits de nos jours. Jolie coup de maître du réalisateur qui ne semble pas prêt à s'arrêter de faire parler de lui ;) .