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Réalisateur très prometteur et rapidement coopté par Hollywood, l’espagnol J.A. Bayona a déjà une palette assez éclectique, allant du meilleur (Quelques minutes apprès minuit) au produit le plus formaté (Jurassic World : Fallen Kingdom). Le Cercle des neiges le voit revenir au film catastrophe de survie auquel il s’était déjà essayé sur The Impossible en 2012, pour traiter de ce cas exceptionnel de survivants à un crash d’avion dans la cordillère des Andes en 1972.

Les ambitions dont grandes pour le cinéaste, qui cherche à livrer une partition la plus réaliste possible, pour un résultat presque exempt de CGI, loin des dérives de ces dernières années dans pareille production. Après un crash assez impressionnant qui s’attele à restituer l’expérience de l’intérieur, notamment dans cette éprouvante séquence d’écrasement des rangées de fauteuils, le travail sur la mise en espace s’avère particulièrement efficace. Les plans d’ensemble sur le majestueux massif visent surtout à prendre l’échelle dérisoire des individus, et les différentes épreuves (tentatives de fuites par les crêtes, avalanches) sont toujours traitées par l’immersion, où la mise en scène vise avant tout la restitution de l’expérience vécue, sans s’égarer dans des effets de manche.

On peut néanmoins, au bout d’une heure, se questionner sur la durée du film (2h25), d’autant qu’il s’agit là de relater une histoire connue de tous : certains ont survécu, et ont eu recours au cannibalisme pour ne pas mourir de faim. Bayona a le mérite de ne pas faire dans le sensationnalisme sur ce sujet délicat, et d’établir les éléments d’un dilemme auquel personne ne pourra échapper. L’empathie pour les personnages est indiscutable, que ce soit par les différentes souffrances endurées et la résignation de ceux qui se savent condamnés à mourir.

Mais celle-ci a aussi ses limites, qui expliquent la durée assez excessive au fil de dialogues sur la foi, la conception de la vie et les fondements de l’endurance qui trouveraient sans peine leur place dans des manuels de développement personnel. De la même manière, les petits effets visant à rappeler la réalité historique des faits (liste des noms des morts s’affichant progressivement à l’écran) ou à exacerber le pathos (flash-backs dorés des jours insouciants, méthode un peu putassière consistant à faire mourir le protagoniste endossant la voix off supposément rétrospective sur le récit) alourdissent souvent la partition.

La dernière partie, sur les solutions trouvées par les survivants pour aller chercher du secours, relance le rythme et donne un nouveau souffle à la nature environnante, dont on aurait rêvé mesurer la grandeur sur un écran excédant les dimensions de ceux que nous condamnent à regarder Netflix.

(6.5/10)

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le 5 janv. 2024

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Sergent_Pepper

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