Apocalypse snow
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le 5 janv. 2024
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Malgré tout l’attrait que j’ai pour le travail de J.A. Bayona, qui manie aussi bien le suspens (les seules scènes salvatrices dans Jurassic World : Fallen Kingdom), que le spectaculaire (The Impossible) et l’émotion (A Monster Calls), j’ai tardé à regarder Le Cercle des Neiges pour la simple raison que j’ai vu le Alive de Frank Marshall il y a quelques années, et que je ne pensais pas pouvoir être immergé dans cette histoire vraie dont je connais les tenants et aboutissants. Mais j’ai eu tort de douter tant la vision du cinéaste espagnol diffère de celle formatée par Hollywood dans les années 90.
J’emploie le terme immersion de façon consciente car c’est bien de ce dont il s’agit ici. Une expérience que Bayona veut nous faire vivre au côté de ses protagonistes abandonnés à leur sort dans une nature hostile qui n’a aucunement prévu d’accueillir trace de vie en son sein. La scène du crash est impressionnante, douloureuse de par son montage, et nous met en empathie directe avec l’équipe de rugbymen uruguayens. On connaît pourtant leur sort, on sait que si beaucoup vont mourir, certains s’en sortiront, mais malgré cela on a la boule au ventre pendant les 2h20 du film. Une durée nécessaire à la captation du passage éreintant du temps par le spectateur. Les péripéties s’enchaînent dans un paysage montagneux dont la beauté fatale vient écraser de solitude les survivants grâce à des jeux d’échelles parfaitement maîtrisés.
Le titre original, La Sociedad de la Nieve, n’est pas galvaudé. Les questionnements moraux qui ne tardent à poindre requièrent une organisation sociale, une répartition des tâches pour que la survie soit envisageable. Et si la foi fait initialement rempart au pragmatisme, le dilemme du cannibalisme n’est pas appuyé tant les réfractaires originels sont conscients de inéluctabilité de l’acte, et ne se mettent en opposition que par déni du réel. Se créent alors une cohésion et un système d’entraide, seuls phares dans la nuit froide où le désespoir de l’attente ronge les nerfs de chacun. Dans sa recherche d’authenticité et d’immersion, Bayona garde une position respectueuse des victimes, faisant passer l’impensable en hors champs, et adjoignant à chaque décès une épitaphe discrète. On pourrait arguer que la partition de Michael Giacchino est parfois trop présente et pousse le pathos un poil trop loin, mais au vu de la qualité de celle-ci, ça serait cracher dans la soupe.
Conscient de la difficulté de rythmer une telle histoire sur une telle durée, le cinéaste opère une bascule de point de vue à mi-chemin, alors que les protagonistes passent d’une situation du désespoir passive à une démarche proactive et salvatrice. Cela se traduit par un dernier tiers en mouvement, une dernière lancée qui ne peut que aboutir en un sauvetage ou une fin prématurée pour ces jeunes hommes. Vous connaissez l’issue du périple.
Bayona prouve une fois de plus qu’il est un talent à suivre, investi dans ses projets : une dizaine d’années de gestations pour celui-ci et un passage nécessaire par un blockbuster formaté pour assurer ses arrières. Le Cercle des Neiges parvient à surprendre, à émouvoir et à émerveiller dans un même mouvement gracieux. Une oeuvre bien plus marquante que celle avec Ethan Hawke, déjà oubliée depuis longtemps, qui n’a malheureusement pas connu de sortie en salle en France malgré l’intérêt certain que cela aurait représenté au vu de la tenue de l’ensemble.
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Créée
le 21 mai 2024
Critique lue 8 fois
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