L'époque où on pouvait encore dire "heureusement, il y a Bruce Willis !"

Pur produit hollywoodien, dès l’affiche ! Un duo de stars qui sait tout de même séduire le spectateur (Richard Gere / Bruce Willis, tout de même !), un réalisateur (Michael Caton-Jones) à la trop courte filmographie dont sortent tout de même Memphis Belle et Rob Boy, une trame digne des thrillers attrayants du genre (une histoire de chasse à l’homme)… Bref, Le Chacal pouvait se présenter sous des augures plutôt positifs. Mais les ravages du star system n’ont pas attendu le XXIe siècle pour quelques dégâts. Et en 1997, ce film en faisait déjà les frais.

Le problème provenant du script en premier lieu. « Ici, on ne se prend pas la tête ! Nous avons en tête d’affiche Gere et Willis, c’est amplement suffisant ! » Beaucoup de films encore usent de ce concept pour se permettre de sortir en tant que coquille vide. Et certains arrivent, grâce à cela, à avoir du succès commercial ! Le Chacal se place dans cette catégorie (même si le film n’a pas autant cartonné que d’autres, il faut tout de même le souligner). Celle où le long-métrage nous présente une histoire mille fois vue (les fédéraux faisant appel à un renégat pour retrouver un redoutable qu’il est le seul à réellement connaître), sans jamais tenter de dériver de la route toute tracée (à savoir travailler les personnages, un sujet polémique ou autres). Avec Le Chacal, rien ! Le film ne fait que suivre cette traque hautement prévisible (les inconditionnels du cinéma hollywoodien y retrouveront la fameuse course-poursuite finale, le héros renégat ayant un bon fond, l’inévitable face-à-face entre les deux protagonistes…), préférant s’intéresser au tueur (véritable fantôme glacial et charismatiques joué par Bruce Willis) et à ses agissements alors que d’autres pistes scénaristiques pointaient le bout de leur nez (le passé terroriste du personnage de Gere pouvant amener à un débat sur l’IRA comme l’avait fait Blown Away, une histoire d’amour incontestablement survolée pourtant montrée à l’écran juste pour meubler l’histoire inutilement…).

Autre gros problème du Chacal : sa mise en scène. Et là, je ne vais pas passer par quatre chemins : c’est lourd ! Au final, ce n’est pas étonnant que Michael Caton-Jones ne soit pas un réalisateur connu, tant il se montre comme un cinéaste « créé » par Hollywood. Mis en avant juste pour diriger des films de guerre (Memphis Belle), historiques (Rob Boy), thrillers (ce Chacal) jusqu’aux suites (Basic Instinct 2). Un réalisateur donc sans imagination qui est appelé que pour mettre en image la version finale du scénario, tel qu’il est écrit. Et du coup, jamais Caton-Jones prouve qu’il est un réalisateur, tant sa mise en scène s’en retrouve tout simplement inerte. Le Chacal, un film visuellement plat, sans aucune envolée énergique (même la course-poursuite finale n’arrive pas à faire monter la tension suffisante à ce genre de divertissement). Sans oublier que la musique de Carter Burwell n’aide pas (trop classique) et que les essais de mise en scène du réalisateur plombe le rythme de l’ensemble. Des essais qui se résument qu’à des ralentis mal fichus, offrant au Chacal des longueurs dont on se serait bien passé (les regards des deux adversaires qui se croisent en est l’exemple principal). D’où la qualification de « lourd ».

Néanmoins, il faut tout de même reconnaître quelque chose à ce Chacal : son côté divertissant ! Et cela, le film le doit à la présence de Bruce Willis. Même si l’on a vu l’acteur dans de bien meilleurs rôles (à commencer par John McClane de la saga Die Hard, Butch de Pulp Fiction et James Cole de L’Armée des 12 Singes), Le Chacal repose essentiellement sur ses épaules. Le comédien amenant le charisme nécessaire à son personnage et donc au film, laissant loin derrière ses camarades de la distribution (Richard Gere n’usant que de sa belle gueule, Sydney Poitier se montrant souvent excessif dans ses réactions…). Et puis, voir Bruce Willis dans un rôle de méchant, ça ne se refuse pas ! S’il n’arrive pas à livrer un antagoniste aussi mémorable que les grands noms du thriller américain (Hannibal Lecter / Anthony Hopkins et John Doe / Kevin Spacey entre autres), le personnage du Chacal reste assez plaisant pour passer un bon moment. En se délectant de son mode de vie, de ses faits et gestes. D’apprécier la traque de cet homme qui offre au spectateur quelques moments cruels mais fendards (comme celui où le Chacal teste son arme sur le concepteur, joué par Jack Black).

Le Chacal reste l’un des films adeptes du star system qui arrive néanmoins à distraire grâce à la présence d’un acteur en particulier. Un atout que même Bruce Willis perdra avec le temps (Dangereuse séduction et surtout Die Hard 5). Enlevez-le du casting et vous obtiendrez une banale chasse à l’homme sans âme. Pas grand-chose à retenir donc…

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