Claude et Barbara ont 20 ans. Ils s'aiment, habitent à Montréal, et se questionnent sur le monde. Barbara fait du théâtre et Claude lui dit qu'elle s'agite, qu'elle fait du bruit tout autour, mais qu'elle ne vit pas.


De vie, il n'est ici question que de cela dans ce film. Les deux personnages se cherchent, se questionnent sur leur existence. Et alors ils ont tout de personnages à la Rohmer.


Gilles Groulx s'est inspiré pour faire ce film, du mouvement du cinéma direct, apparu au Canada dans les années 50-60, mouvement très proche de la Nouvelle Vague, qui se voulait une approche plus documentaire aux choses, au monde, aux êtres. Le rapport du cinéma au réel. Désacraliser l'avant. Expérimenter autre chose.


Le chat dans le sac, film alors qui occupe une place prépondérante dans l'histoire du cinéma québécois.


Un film infiniment intimiste qu'on pourrait relier au tout début du cinéma de Godard, et plutôt qu'un documentaire (comme ce qui est annoncé au tout début du film) on pourrait plutôt comparer le film de Groulx à ces œuvres de la Nouvelle Vague qui inondent la France dans les années 60. Je n'aime pas parler de documentaires. Les documentaires la plupart du temps manquent d'esthétique, ne sont là que pour filmer la réalité et la réalité seulement. Tandis que Le chat dans le sac possède une vraie esthétique, et en outre une vraie ressemblance à Masculin, féminin de Godard.


Un film qui pose d'une manière juste la question du mouvement. Comment vivre ? Comment ne pas rester à l’intellect seul du monde ? Comment agir, ne pas rester dans le flou, dans le brouillard, dans le rêve qui tourne et tourne dans tout visages ?
Et alors je m'y retrouve complètement. Dans beaucoup de choses, partout.
Ce cinéma qui à travers le réel vrille de toute part, d'une façon simple, belle, suspendue comme par un fil, aux mélodies de jazz qui viennent s'inscrire de part et d'autres des images, des plans, des dialogues, omniprésents. John Coltrane et tout s'enchaine.


Claude est un personnage qui se perd en lui-même, intellectualise tout, se cherche, cherche à changer la société, à s'engager politiquement, à écrire, mais n'y arrive pas.



Suis-je un révolté ? Oui. Suis-je un révolutionnaire ? J'sais pas.



Et les mots transpercent de toute part. Je m'y reconnais en chacun d'eux, dans ces mots balancés dans la neige Québécoise, emmitouflés dans la campagne, dans le dehors du froid où il n'y a rien. Là demeure Claude, seul.


Les personnages, comme chez Rohmer, hésitent, philosophent, intellectualisent le monde et sortent des phrases magnifiques de leur voix sublimes, à l'accent à couper au couteau. Et c'est beau de sincérité, de réalité, de spontanéité.


Et ils parlent, et parlent encore, écorchent les mots, trébuchent, hésitent et se reprennent.


Et en observant dans le même froid du monde des enfants qui jouent à la guerre, Claude pense :



La vie assimile les hasards pour en faire de la raison, de l'Histoire, du destin.



Un film qu'on peut visionner sur YouTube, en toute liberté : ici.

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le 28 mars 2015

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Lunette

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