Le Château dans le ciel
7.9
Le Château dans le ciel

Long-métrage d'animation de Hayao Miyazaki (1986)

Château dans le ciel, spectateurs au paradis

Ce qu'il y a de bien, avec Miyazaki, c'est que quand il veut louer un élément spécifique, on comprend le message. Que ce soit les rivières mémorielles dans "Le voyage de Chihiro", le ciel rédempteur dans "Porco Rosso", la forêt bienfaisante de "Princesse Mononoké", on ne peut qu'être convaincu et passer le reste de la journée à se jurer de polluer moins, à regarder les nuages et à caliner les plantes vertes. Ici, le maître cinéaste fait très fort, car si son dessin caresse les vents, les nuées et les appareils volants, c'est au final pour mieux vanter les mérites de notre bonne vieille terre nourricière.
Tout le film repose ainsi sur un parallèle entre les glorieuses visions célestes ( le Goliath, le solo de trompette au petit matin sur les falaises, l'ouragan titanesque ) et une simplicité touchante, accessible. Les grottes hébergent un vieillard satisfait de son existence, la vie dans la cité minière semble sainement laborieuse et solidaire, Laputa même semble avoir été crée comme un abri pour un jardin idyllique, qui offre une des plus belles scènes du film.
Le plus évident symbole de cette dualité est ce qui sépare les deux personnages principaux des autres protagonistes. Pazu et et Sheeta ( oui, comme dans Tarzan ) sont des héros de bonté et d'innocence extrémistes comme seul Miyazaki sait les faire sans les rendre tartes. Rien ne semble les intéresser sinon développer une idylle timide, voir du pays et... être gentils, globalement. Bref, les gamins que nous aurions été si nous avions écouté les dessins animés de notre enfance. Par rapport à eux, les pirates, les mineurs ou les militaires semblent beaucoup plus triviaux. Ils ont beau déployer de beaux vaisseaux aériens ou de jolies cités troglodytes, ils sont avant tout motivés par l'argent ou le pouvoir.
Cet antagonisme se cristallise lors de l'affrontement final, ou le colonel Muska se montre le plus cruel, mais aussi le plus réaliste et lucide de tout les méchants crées par le réalisateur. symbole du désir de grandeur de l'humanité, il en incarne tous les aspects néfastes, mais parvient néanmoins à faire passer un peu de mélancolie quand a l'hubris des hommes, affirmant que "Laputa ne mourra pas, car sa puissance hante les rêves de l'humanité". Réponse qui ne manque pas d'un certain panache fataliste face à l'idéalisme pacifiste et écologiste affiché par Sheeta, comme si Miyazaki lui-même prenait en compte la nature humaine comme obstacle à ses messages positifs.
Tout semble, hors de cela, se placer dans un univers appelant au rêve. Comme le montre le très beau générique d'ouverture, le possible est vaste dans ce monde qui a vu naître et chuter les cités volantes. Les paysages sont agréables à l'oeil, notamment la célèbre herbe vert tendre "à la Miyazaki", et même le travail de mine est idéalisé. Les hommes, par le même moteur qui leur a fait construire des engins aériens, semble être les seuls perturbateurs de cet Eden, tout en apportant péripéties et qualités humaines ( même les pirates sont intégrés au bien ambiant ).
Comment ne pas alors vouloir se trouver avec les deux enfants, partager leurs aventures sur la musique légère et envoutante de Joe Hisaishi, prendre son envol pour voir les vestiges des gloires passés puis leur préférer la simple beauté du monde et de ses habitants ? Je n'ai pas encore trouvé la réponse, heureusement...

Créée

le 3 janv. 2014

Critique lue 378 fois

10 j'aime

Kevan

Écrit par

Critique lue 378 fois

10

D'autres avis sur Le Château dans le ciel

Le Château dans le ciel
Torpenn
8

Boule de Swift

Après avoir bouffé sa dose de vache enragée, Miyazaki connait avec Nausicaä un succès retentissant tant en version papier que dans son adaptation au cinéma. A une époque qui privilégie télévision et...

le 6 nov. 2012

157 j'aime

20

Le Château dans le ciel
DjeeVanCleef
9

Laputa.

Décidant d'établir un semblant de culture cinéma chez une naine que je connais - à grands coups de Rabbi Jacob, de Cirque et de quelques Burton, Tim pour commencer, on verra pour jack plus tard - je...

le 18 mai 2013

109 j'aime

22

Le Château dans le ciel
Sergent_Pepper
8

Itinéraire de délestage

Le troisième long métrage de Miyazaki, découvert sur le tard en France grâce au succès de ses chefs d’œuvres à l’aube des années 2000, a dû surprendre les nouveaux amateurs. A priori bien plus...

le 31 mai 2015

95 j'aime

3

Du même critique

Neon Genesis Evangelion
Kevan
5

Vide et mirages

Evangelion, c'est nul. Evangelion, c'est bien. Ces deux critiques, certes un peu restreintes, sont exactes l'une comme l'autres. Rares sont les histoires à pouvoir se vanter d'une pareille...

le 4 sept. 2013

122 j'aime

19

Evangelion 3.0 : You Can (Not) Redo
Kevan
3

Vous êtes sûr qu'on ne peut pas le refaire ?

Evangelion a toujours tendu un bras vers le sublime. Un bras cassé, hésitant, aux mains sales, mais qui avait le mérite d'exister. Il est dommage de voir qu'au bout de ce bras, il n'y a plus qu'un...

le 21 déc. 2013

39 j'aime

4

The Future Diary
Kevan
6

Je me suis fait bien eu.

Mirai Nikki, c'est cool. Et ce malgré son scénario débile, ses personnages plus stéréotypés tu meurs, ses situations absurdes, ses enjeux bizarres, son héros insupportable, son nawak ambiant.....

le 4 avr. 2014

32 j'aime

10