Cet avant dernier film du cinéaste Bo Widerberg est une adaptation libre d'un roman suédois de Torgny Lindgren racontant les drames d'une famille paysanne à la fin du XIXème siècle. Tout de suite, on peut remarquer l'étonnante construction du récit avec des ellipses parfois de une ou plusieurs années, des sauts qui peuvent dérouter le spectateur dans un premier temps mais qui sont nécessaire pour bien saisir le tragique de cette histoire. Une histoire qui symbolise en quelque sorte la condition paysanne suédoise (et finalement à deux ou trois détails près universelle), la misère, la faim et l'aliénation notamment des femmes obligées de se vendre pour garder un abri, un chez soi. Le scénario qui s'étale sur plusieurs générations et près de vingt ans montrant par-là l'emprise des riches sur les pauvres et l'impossibilité d'améliorer la condition de ces derniers, donne un point de vue sur de nombreux personnages tantôt farouche, tantôt soumis, lâche ou cruel pour un résultat souvent dur à soutenir sans que cela passe par de la violence graphique tout est dans l'esprit. Widerberg signe une mise en scène intime mais pas dénué d'une certaine forme de beauté visuelle austère, quasi aux lumières naturelles.