J'avais aimé autrefois Microcosmos, le peuple de l'herbe auquel Jacques Perrin avait prêté sa voix amicale avant de réaliser lui-même Le peuple migrateur. Le lecteur assidu de La Hulotte, le journal le plus lu dans les terriers que je suis, ne pouvait pas bouder son plaisir en allant voir Le chêne. Pas un seul mot ne sera échangé par ceux qui tiennent les rôles principaux du film avec brio et encore moins par les jeunes marcassins qui tiennent un tiers rôle ; cela laisse du loisir pour la gamberge.
Le fruit de l'olivier est l'olive, celui du châtaignier est la châtaigne et le gland est le fruit du chêne. A partir de ce constat, il y a de quoi nous occuper pour ce qui reste de l'hiver, du printemps à venir et ce jusqu'à la fin de l'année à finir.
En croisant le livre La Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe II par Fernand Braudel avec La Civilisation de l'olivier par Minelle Verdié. Puis en nous plongeant dans Terres de Castanide par Jean-Robert Pitte et enfin en regardant Le chêne.
La châtaigne, avant l'introduction de la pomme de terre à partir du Nouveau Monde, a été ce fruit qui a constitué notre aliment de base depuis l'Antiquité au moins et le gland du chêne a permis de varier l'ordinaire. Aujourd'hui, nous l'abandonnons aux sangliers et à nos amis les cochons quand nous consentons à les laisser baguenauder dans les sous-bois.
Du geai des chênes au sanglier, en passant par le chevreuil, sans oublier le balanin (curculo glandium), le mulot et la fourmi, tout ce monde a établi demeure à l'entour du roi des lieux qui leur offre le couvert et même le gîte pour certains d'entre eux. Le gland est le plat du jour. Bien mûr ou encore en bourgeon, en fleur ou en conserve soigneusement dissimulé dans une cavité naturelle ou excavation, le gland nourrit.
A la fois vedette américaine, rôle principal et dans le rôle second, il y a l'inoubliable écureuil roux. Trapéziste, danseur, jongleur et cascadeur, mais apparemment dépourvu d'instincts meurtriers à l'inverse de quelques autres, il est le Jean-Paul Belmondo du film et tient bon la rampe pendant tout le thriller.
J'ai une affection particulière pour les écureuils depuis que j'ai partagé mon repas dans un jardin public à New York avec un écureuil gris américain. Plus tard, j'ai fait connaissance avec un écureuil roux. Vous me croirez si vous le voulez, l'un comme l'autre s'est confié à moi et j'en ai appris de bien belles. Si je suis d'humeur, demain je vous raconterai peut-être et "il y en a des" qui feront moins les fiers.