Dans un bureau immense est installée son Excellence, le Diable en personne, qui accueille les nouveaux venus pour leur indiquer leur destination finale. L’ascenseur les conduira soit en haut, vers le Paradis, soit en bas vers les enfers. Un vieil homme, Henry Vancleve, se présente et raconte sa vie bourgeoise, frivole, dominée par son amour des femmes, mais surtout de sa femme, Martha.
Le film se déroule sous la forme d’une chronique présentant divers moments de la vie d’Henry lors de ses anniversaires les plus marquants.
Inexorablement, le temps passe, parsemant de cheveux blancs et ridant l’éternel séducteur. Arrivé à ses 50 ans, il s’interroge. Peut-il encore séduire ?
Le temps passe encore, l’entrainant jusqu’au terme de sa vie, qu’il quittera sur un sourire et après avoir profité d’un dernier délicieux repas d’Anniversaire.
Personnage frivole et menteur, Henry éveille cependant dès le début du film la bienveillance du spectateur. Lorsque vieillard, il se présente humblement à la porte des enfers, il déclare que sa vie entière n’a été qu’une faute mais il ne sera peut-être pas accepté aux enfers et n’ose pas se présenter à la porte du Paradis. Les mensonges du personnage sont maladroits, ses infidélités et tentatives de séduction ne vont guère loin, tout le ramenant à sa femme.
Et lorsqu’à la mort de celle-ci, il se sent seul et sort se distraire toutes les nuits, la simple vision d’un ouvrage de la bibliothèque le ramène à ses souvenirs et le rend honteux d’avoir seulement pensé qu’il pourrait oublier sa chère Martha.
Dans le rôle d’Henry, Don Amèche est parfait, interprétant de façon convaincante le personnage à tous les âges de sa vie d’adulte.
Don Amèche a eu une carrière d’une longueur exceptionnelle ; de 1935 à 1954, il tournera une quarantaine de films avant une traversée du désert durant les années 60-70.
Suite à Un fauteuil pour deux de Landis (1983) puis Cocoon de Ron Howard (1984), sa carrière sera relancée, à 75 ans et il tournera films et téléfilms jusqu’à sa mort en 1993.
Quant à Gene Tierney, quel plaisir de la voir si radieuse en couleurs, la plupart de ses rôles marquants étant dans des films tournés en noir et blanc (Laura, Le fil du rasoir, L’aventure de Mme Muir, Les forbans de la nuit, Marc Dixon détective…),
Son vieillissement est bien moins réussi, la cinquantaine s’affichant pour elle par une coiffure improbable parsemée de cheveux blancs, des vêtements plus sages et une attitude un peu guindée.
Tout ceci est heureusement bien vite oublié dans la belle scène où les deux époux valsent, conscients de vivre là le moment le plus heureux de leur vie.
Outre nos deux héros, le personnage le plus remarquable est celui du Diable, incarné par Laird Cregar, appelé Excellence. Son personnage est très affable et sympathique. On le comprend quand il fait disparaitre dans les enfers une vieille enquiquineuse, au moyen d’une trappe escamotable et on se doute de la réponse finale qui sera donnée à Henry.
On pourra reprocher au film d’être parfois un peu bavard et assez statique, notamment dans sa première partie, jusqu’au mariage de ses deux personnages principaux. Le film est en effet l’adaptation de la pièce Birthday de Leslie Bush-Fekete. De fait, à deux exceptions près (le parc et la rue dans laquelle Henry se met à suivre Martha après l’avoir aperçue dans un magasin), toutes les scènes se passent en intérieur.
L’ensemble reste sage, assez peu enlevé, manquant peut être d’un rien d’audace qui romprait la ligne droite de la destinée du personnage.
Le dénouement final scellant le destin d’Henry dans l’autre Monde ne surprendra donc pas.
Le spectateur sourit, amusé et ému par le personnage qui renvoie aux défauts de l’être humain. Le Diable lui-même sourit car il a tout de suite cerné le personnage.
On retiendra enfin le magnifique technicolor qui nous permet de voir les beaux yeux bleus de Gene Tierney, la beauté et les couleurs chatoyantes des tenues et décors du début du siècle.
Un beau film à découvrir.

m-claudine1
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films avec Gene Tierney

Créée

le 28 nov. 2017

Critique lue 437 fois

14 j'aime

12 commentaires

m-claudine1

Écrit par

Critique lue 437 fois

14
12

D'autres avis sur Le Ciel peut attendre

Le Ciel peut attendre
Torpenn
9

Don jouant

N'en déplaise à ce Philistin de Scritch, une nouvelle vision n'y change rien, j'adore ce film... La vie de Don Ameche raconté par lui-même à la porte de l'enfer me touche toujours autant, voire...

le 4 févr. 2012

75 j'aime

24

Le Ciel peut attendre
Sergent_Pepper
8

Le testament du dragueur m’amuse

Le fidèle de Lubitsch pourra être un temps troublé par le ton nouveau de cet opus testamentaire. Certes, le milieu reste le même, celui d’une haute société qui, débarrassée de ses soucis matériels,...

le 13 juin 2014

39 j'aime

5

Le Ciel peut attendre
pphf
9

Hot Hell Hotel

Le vestibule de cet enfer-là se découvre dans un gris profond, presque métallisé, avec un grand escalier bordé par d’immenses colonnes roses – et il se présente surtout comme le hall d’un hôtel très...

Par

le 1 oct. 2014

27 j'aime

4

Du même critique

Les Mystères de l'ouest
m-claudine1
8

La grande série classique la plus mal comprise de l'histoire de la télévision

Nous voici avec Les mystères de l'Ouest face à une des séries les plus originales des années 60-70 - réalisée de 65 à 69 et diffusée en France à partir de 1967 - . Etonnant mélange de western, de...

le 25 août 2019

43 j'aime

85

Rebecca
m-claudine1
10

Romantisme et suspense

La rencontre de Daphné du Maurier, spécialiste des grandes histoires romantiques et d'aventures de l'Angleterre du 19ème siècle, et du maître du suspense Alfred Hitchcock peut sembler surprenante. De...

le 3 oct. 2020

43 j'aime

37

Amicalement vôtre
m-claudine1
10

So long Sir Roger Moore

Série culte des années 70, Amicalement Vôtre présente deux riches hommes, qui une fois fortune faite, Danny dans le monde des affaires et Brett par héritage de sa noble famille, semblent mener une...

le 24 mai 2017

38 j'aime

56