Etonnant petit film qui se révèle plus original que prévu par sa manière de remettre tous les clivages et racismes en perspective les uns des autres. Certes, le héros est un noir affranchi qui revient au bercail dans son village sudiste alors qu'il porte encore l'uniforme yankee et que la défaite sudiste et la ségrégation raciale y est bien vivace. Mais le "nègre" bafoué, brimé, traqué se révèle raciste à son tour en violant la jeune indienne qu'il convoite : le femme est l'esclave sexuelle de l'homme. Echelle de valeurs à curseur variable. Les Indiens , par ailleurs victimes absolues des convoitises des blancs sont les sages de l'histoire lorsqu'ils proclament à ce noir à la mentalité de blanc que "la terre ne peut t'appartenir, c'est toi qui appartient à la terre". Cette hiérarchisation des valeurs qui place le noir sous le blanc, l'indien sous le noir, la femme sous l'homme est dénoncée avec un efficacité de bon aloi. Restent en mémoire aussi ces plans en contre-plongée du petit cimetière local ou toutes les haines s'expriment autour d'une tombe fraiche. L'Homme est un loup pour l'Homme et il a besoin d'un AUTRE à mépriser, violenter, torturer, anéantir pour se sentir plus grand. Le discours n'est pas vraiment neuf, si ce n'est que l'esclave noir affranchi, s'aliène lui-même en épousant les valeurs (la propriété entre autre) de ses anciens maitres. Même si l'on regrette quelques schématisme ou traits un peu gossiers (Jack Palance est vraiment un vilain Sudiste raciste) il n'en reste pas moins une jolie surprise.