Le Conformiste (il Conformista) est un drame ironique franco-germano-italien écrit et réalisé par Bernardo Bertolucci, adapté librement du roman d'Alberto Moravia (publié en 1951) qui met en scéne Marcello Clerici (joué par un magnifique Jean-Louis Trintignant), un professeur de philosophie qui adhère au parti fasciste, en se mariant, en se conformant à ce qu'attendent la société italienne, l'Église et le régime de Mussolini... Le film est une analyse très ironique d'une adhésion au fascisme motivée par des ressorts intimes et psychologiques : un viol et un meurtre subi et commis par un enfant (par et sur Lino Seminara, un chauffeur de maître joué par Pierre Clémenti)... Bertolucci utilise le gigantisme glacé de l'architecture des bâtiments officiels, Paris quasi désert dans une lumière bleutée, l'inquiétante solitude d'une forêt glacée de Savoie.... Avec des moments de grâce, comme la superbe scéne de tango dansé par Stefania Sandrelli (l'épouse) et Dominique Sanda (la maitresse bisexuelle) dans une guinguette des bords de Seine... et des personnages pittoresques comme Daniele Manganiello, l'agent fasciste collaborateur de Clerici joué par l'excellent Gastone Moschin ou Italo Montanari, le conférencier aveugle et ami du conformiste joué par José Quaglio... Extraordinaire portrait d'un mouton enragé du fascisme qui se hisse dans la hiérarchie bourgeoise en épousant une dinde (Giulia (jouée par une magnifique Stefania Sandrelli), une petite bourgeoise qu'il épouse par conformisme...), et qui renâcle, mais en vain, à l'idée d'attirer dans un piège son ex professeur exilé a Paris (le professeur Luca Quadri (joué par Enzo Tarascio), un leader antifasciste et l'époux de la troublante Anna (jouée par la lumineuse Dominique Sanda) une jeune femme très ambiguë... dans tous les sens du terme) tout en dénonçant ses complices (dont son meilleur ami Italo), lors de la chute de Mussolini... sur des larges décors vides, comme l'esprit du pitoyable héros interprété magnifiquement par Jean-Louis Trintignant, esthétiquement froid, avec de brusques accès de violence : L’exécution de Dominique Sanda dans une foret, alors que le conformiste, tassé sur lui même, ne bouge pas par lâcheté... tout est ici, intense, ambigu, terrible et ironique... Sur une très belle musique composée par Georges Delerue et une superbe photographie de Vittorio Storaro... Bertolucci signe son plus beau film, son chef d'oeuvre...