C'est clairement pas le genre de films qu'on aime, mais ça fait partie des films qu'on nous conseille car ça traite d'un sujet lourd.

Comme c'est le cas avec certains films, je n'ai pas eu la motivation d'aller voir Le consentement au cinéma et j'attendais que la "hype" retombe avant de le découvrir.

Il s'agit de l'adaptation du livre de Vanessa Springora où elle témoigne de l'emprise que Matzneff a eu sur elle lorsqu'elle était ado, et des abus sexuels qui vont avec. C'est délicat de retranscrire ça dans un film et c'est Vanessa Filho qui s'en est occupé, avec des rôles principaux campés par Kim Higelin et Jean-Paul Rouve.

On va tout de suite évacuer ce qui est pour moi le gros point noir du film : la direction de Jean-Paul Rouve enlève toute la subtilité du personnage qu'aurait dû être Matzneff à l'écran. Je pense qu'on aurait pas du tout perdu le message du film si on l'avait dirigé autrement, parce que là c'est juste une caricature de grand méchant et ça ne me fait pas peur. Je trouve bien plus effrayant ce que je connais réellement de ce gros dégueulasse : un type jovial en interview qui assumait pleinement de faire des saloperies à des gosses. D'ailleurs Rouve ne joue pas du tout de la même manière lorsqu'il doit remplacer Gabriel Matzneff dans une séquence où une de ses interviews est diffusée à la télé. On a les vraies réactions des intervenants de l'époque, ce sont les vraies images, et au moment où il parle ce n'est pas un plan sur lui mais on entend Rouve.

Là c'est écrit sur son gros crâne chauve que le mec est un monstre, y'a aucun doute là-dessus, et je ne pige pas d'où peut venir la fascination de Vanessa dans le film car elle est tétanisée dans la grande majorité des scènes avec lui. On nous explique vaguement au début du film qu'elle aime la littérature et qu'autour d'elle les jeunes filles commencent à vouloir des expériences sexuelles, ce qui lui donne envie à elle aussi d'une certaine manière. Mais c'est tout, elle ne vit absolument pas bien cette relation dès le départ, on ne pige pas comment il a pu la séduire, c'est pas clair du tout. Je serais même tenté de dire que si on est un salaud dans l'âme on peut se dire qu'elle s'est jetée dans la gueule du loup en toute conscience en regardant le film. Ça n'empêche pas la façon de filmer et le personnage joué par Jean-Paul Rouve de nous rappeler assez régulièrement qu'il est une ordure de toute manière, l'un n'empêche pas l'autre.

Je pense que c'est bien plus compliqué que ça en réalité et j'ai trouvé que le rôle de la mère était amené de façon intéressante. Là c'est tout le contraire du personnage de Matzneff dans l'écriture et l'interprétation et tant mieux.

C'est un sujet important pour la société française, je pense qu'on sous-estime souvent la notion d'emprise que peuvent avoir des adultes particulièrement malveillants sur les jeunes et les conséquences désastreuses que ça peut avoir. C'est révoltant, c'est bien de l'avoir mis en images, mais c'est vrai que si ça avait été fait avec plus de subtilité j'aurais trouvé le film bien meilleur.

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