Les infortunes du capitalisme
D'aucuns ont pu voir dans le Couperet une formidable critique sociale, un admirable conte moral bravant avec hardiesse les sombres moulins et les noirs épouvantails de l'ultralibéralisme aliénant, de la mondialisation galopante, de la barbarie qu'engendrerait un individualisme paroxystique, ou les hommes ne seraient alors plus des pairs, mais des concurrents dans un monde sacrifiant consciencieusement l'humain sur l'autel brulant de la performance et de la productivité.
La vérité est que ce film ne fait que revenir, avec une lourdeur et une niaiserie candide, que l'on attribue généralement à un tendre lecteur de Stephane Hessel, sur une problématique, qui semble dépasser totalement le réalisateur aveuglé par une trop commune rage anticapitaliste ; Vaux t'il mieux subir l'injustice que de la commettre ?
Pour faire la chose bien je vous aurais, avec joie, parlé de Raskolnikov dans "Crime et Châtiment", de Jean Valjean (alias M. Madeleine) dans "Tempête sous un crâne", du dialogue entre Socrate et Polos dans le Gorgias, de Nietzsche, de Sartre... Mais une telle analyse et le rapprochement avec de si grandes oeuvres, de si grands Noms aurait été immodéré et disproportionné à la critique d'un si petit film qui se contente, lui, d'une simagrée de réflexion dressée dans un cadre grotesque et caricatural au manichéisme partisan, primaire et ridicule.
Alors, dans l'exagération tout sonne faux, des scènes similaires se répètes sans fin, dans le même ordre, par deux fois, c'est un suicide qui sauve notre cher Jose Garcia des moles poursuites policières et la réflexion générale ne vole pas plus haut que le triptyque anachronique du beauf socialiste : Tous pourris, il faut remettre l'humain au centre de (...) et adopter une économie keynésienne...
N'est pas niée, ici, que la qualité de la prestation de Jose Garcia, les faux semblants de cynismes froids et les quelques petites subtilités du film rendent le moment supportable, justifiant donc néanmoins cette note médiane.
Enfin, j'aime finir mes critiques par une citation, celle-ci est du Marquis de Sade, tiré des "infortunes de la vertu"
"Élançons-nous dans ce monde pervers, où ceux qui trompent le plus sont ceux qui réussissent le mieux ; qu'aucun obstacle ne nous borne, il n'y a de malheureux que celui qui reste en chemin. Puisque la société n'est composée que de dupes et que de fripons, jouons décidément le dernier : il est bien plus flatteur pour l'amour-propre de tromper que d'être trompée soi-même."
"Gardons-nous d'être vertueux, puisque le vice triomphe sans cesse ; redoutons la misère, puisqu'elle est toujours méprisée..."