Avant L’Avventura - et le préfigurant - Antonioni nous donne un film léché, aux valeurs esthétiques fortes et au propos transcendant les époques et les lieux. Histoire d’un homme qui cherche sa voie à travers une longue errance dans la plaine du Pô, c’est un film d’amour, mais aussi un film social, presque un film politique… Les acteurs, magnifiquement dirigés par le maître, sont criants de vérité à commencer bien sûr par Steve Cochran et Alida Valli. La mise en scène est d’une modernité inouïe, au moins trente ans d’avance sur son temps… Ce qui parle ici, comme toujours chez Antonioni, ce sont les images, des images d’une beauté à couper le souffle, même lorsqu’elles ne reflètent aucune beauté dans ce qu’elles représentent… La fin est l’une des plus célèbres (à juste titre) de l’histoire du cinéma et restera dans nos mémoires à jamais. Juste un petit bémol : le récit est encore un peu trop linéaire, un peu trop enchaîné, presque trop bien fait… La liberté totale, ce sera pour plus tard… pour très bientôt en fait.