Le duel de trop
L’Histoire retiendra sûrement que la carrière de Ridley Scott a commencé avec des Duellistes et qu’elle s’est finie sur un Dernier duel… …un duel de trop. Alors oui, bien sûr, d’autres films du...
le 13 oct. 2021
90 j'aime
103
J'ai le sentiment d'avoir vu un film important hier soir. Important pour la vie, mais aussi pour le cinéma.
Important pour la fin de carrière en dent de scie de Ridley Scott. Important pour le début de carrière hollywoodien de Jodie Corner, qui a partir du milieu de film, le porte sur ses épaules à elle seule. Une performance incroyable !
Mais surtout, important pour ce qu'il représente, symbolise et le message qu'il véhicule, qui évidemment résonne encore dans la période actuelle !
Et oui, au vu du sujet, la plupart des gens qui ont vu le film ont crié au film féministe, en plein air de notre vague ME TOO. Évidemment que c'est le cas, mais je trouve que c'est bien fait, implicite, pas avec de gros sabots, et cela parle avant tout d'une affaire judiciaire universelle.
C'est une histoire que l'on nous raconte, le réalisateur ne nous assene pas avec une morale. C'est une histoire vraie romancée, et se sert de cela pour nous parler des problèmes actuels. C'est un film qui parle et dénonce le viole, ne caricature pas les actes de chacun pour forcer le message.
Extrêmement subtil, et très bien écrit. Ce n'est pas un film politique, c'est un film de cinéma.
THE LAST DUEL est un grand film !
J'ai toujours aimé Ridley Scott, surtout lorsqu'il réalise des films comme GLADIATOR ou KINGDOM OF HEAVEN qui se déroule plus ou moins dans cette période.
Il avait cette fois un scénario avec lequel il pouvait s'éclater ; Une histoire vraie, le dernier duel judiciaire qui a eu lieu en France au XIV siècle entre deux anciens amis. Deux chevaliers qui vont devoir s'affronter à mort suite au viol de la femme de l'un par l'autre. Un viol dont elle prétends avoir été la victime. Le but du film étant de savoir qui dit la vérité, en se mettant à la place de chacun des protagonistes. Toute la beauté, force et originalité du film.
Le scénario, écrit à six mains, est un crescendo dramatique en trois chapitres. Le film ne cesse de monter en puissance jusqu'au duel final, avec une construction narrative qui se complexifie avec la force et l'originalité de ce film, la multiplication des points de vue de chacun des protagonistes.
Le Chapitre 1, écrit par Matt Damon, se concentrant sur la vérité de l'époux de la victime, Jean De Carrouges.
Le Chapitre 2, écrit par Ben Affleck, se focalisant sur les actes du violeur, Jacques Le Gris.
Chaque personne va raconter son histoire, et va forcément s'embelir. Lorsque l'on raconte une histoire, on est rarement honnête avec nous même, et on a pas la même perception que les autres des actes qu'ils font, et surtout, que nous faisont.
Et le Chapitre 3, La Vérité de la victime, Marguerite de Carrouges écrite par une femme, Nicole Holofcener.
Pour développer cette thématique de la vérité, l'histoire est donc racontée à travers trois point de vue, qui reviennent sur certains mêmes événements afin de remettre en perspective la perspective de chacun.
Ce n'est pas la première fois que Matt Damon et Ben Affleck écrivent un scénario d'un film. Ils s'étaient d'ailleurs fait connaître à Hollywood grace à leur première écriture ; GOOD WILL HUNTING, en 1997, qui leur a valu un Oscar.
La prouesse de ce film, pour le spectateur, est de se rendre compte comment les faits évoluent ou diffèrent selon à qui appartient le récit. La subjectivité. C'est ultra ludique et ultra stimulant, et c'est pourquoi on ne s'ennuie pas durant près de 2h40 de film, malgré un film très verbale et seulement deux scènes d'action.
On s'attache à des personnages dans le premier chapitre, et vont être déshumanisé par la suite. Quelques différences, des dialogues qui ne sont pas les même, des action qui vont être parfois soit plus adoucies ou plus intenses.
Le fait d'avoir vu les deux premiers chapitres, ceux des hommes, avant le dernier, celui de la femme, nous permets de nous rendre compte toute l'incompréhension qu'elle doit subir face à eux. Eux qui n'ont pas la même perception qu'elle d'un viol, d'un sourire, ou d'une accusation.
J'ai aimé les nuances entre les versions de chacun. Pour l'époux, l'annonce du viol par sa femmes dans son chapitre, lui a fait connaître un sentiment de colère et de tristesse pour elle, alors que plus tard, dans le dernier chapitre, vu par la femme, l'époux ne pense plus à sa femme mais à son honneur d'homme et de chevalier.
Forcément, il y a une différence de perception entre les deux personnages lors du viol, mais c'est la scène "du sourire" qui m'a marqué. Car pour l'un, c'était un sourire de séduction, alors que pour l'autre, c'était un sourire de politesse. Et forcément, il n'y a pas la même réaction pour celui qui le reçoit.
Les deux dernières scènes résonnent encore en moi. Celle devant Notre Dame pour sa tristesse, le contraste entre les deux personnages, et l'épilogue pour son côté émouvant, touchant.
Se servir de l'art, le pouvoir de la fiction !
Cela permet de faire résonner les pratiques d'un autre temps, avec celle d'aujourd'hui.
Et la mise en scène, nous faire comprendre ce qu'un personnage ressent.
L'art du cinéma d'époque résumé en un film.
Créée
le 15 oct. 2021
Critique lue 454 fois
1 j'aime
D'autres avis sur Le Dernier Duel
L’Histoire retiendra sûrement que la carrière de Ridley Scott a commencé avec des Duellistes et qu’elle s’est finie sur un Dernier duel… …un duel de trop. Alors oui, bien sûr, d’autres films du...
le 13 oct. 2021
90 j'aime
103
Les films historiques ne sont pas étrangers à Ridley Scott. Kingdom of Heaven, Robin des Bois ou encore l’oscarisé Gladiator, n’en sont que des exemples. Le dernier duel se veut cependant très...
Par
le 3 nov. 2021
82 j'aime
8
Derrière une caméra, Ridley Scott n'a jamais fait son âge, tant presque chacun de ses films ressemble à une folie de jeune homme qui réussit à nous entraîner dans son monde. Et puis, il faut bien...
le 13 oct. 2021
75 j'aime
16
Du même critique
STAR WARS VIII est un bon film. Ce n'est pas un mauvais STAR WARS, mais un STAR WARS différent qui casse les codes des anciens épisode. Mais à quel prix ? Lors de ma séance, certains choix...
Par
le 14 déc. 2017
4 j'aime
Quel est l’intérêt de passer de la pellicule (scope) à du format Numérique IMAX (16/9) d'un plan à l'autre pendant tout le film ? Jamais le spectateur ne peut s'investir dans ce film, et il n'y a...
Par
le 29 juin 2017
4 j'aime
3
Quel gâchis ! C'est la Justice League bordel ! Il y avait tellement de potentiel, pour faire un grand film tel que MAN OF STEEL ou BATMAN V SUPERMAN. Et pourtant, il y avait déjà plusieurs signes...
Par
le 16 nov. 2017
3 j'aime
9