Dans la vie quotidienne, nombreux sont ces moments d’injustice sur lesquels on n’a aucun contrôle. On reste alors pantois devant la scène qui vient de se dérouler sous nos yeux, constatant la fragilité apparente de ce que l’on avait bâti. Comme un enfant empilant des cartes pour faire un château, jusqu’au fameux courant d’air venant tout balayer.


C’est ce qu’a vécu Marguerite de Thibouville, lorsqu’elle est vendue à cette imposante caricature virile qu’est Jean de Carrouges. Véritable machine de guerre, subtil mélange entre une hallebarde rouillée et un bulldozer.


La Belle rencontre la Bête. Ils dansent ensemble pendant un temps jusqu’à ce que la réalité revienne s’immiscer dans le rêve, petit à petit.


Et puis soudain, le château de cartes s’effondre.


Il suffit parfois d’ouvrir la porte à la mauvaise personne.


Aujourd’hui comme hier, hommes et femmes ne naissent pas égaux. Cette complémentarité, belle à l’origine, a malheureusement été meurtrie par l’expression exacerbée du caractère de chacun. La virilité de l’homme, d’ordinaire au service de l’évolution et de la femme elle-même, devient l’instrument de sa domination.


Marguerite ne le sait pas encore, mais le crime qu’a commis Jacques Le Gris à son encontre porte atteinte à Jean. Car dès lors qu’elle devient sa propriété, toute violation de cette dernière est une insulte au nom de Carrouges. Marguerite est alors abandonnée par son mari, plus soucieux de laver cet affront envers lui qu’envers elle.


Elle fait maintenant face à une montagne dont elle n’aperçoit même pas la cime. Elle commence alors son ascension, pleine d’espoir de revoir un jour les champs verdoyants d’Aunou-le-Faucon.


À l’instar de Jean, ses plus proches amies l’abandonnent. Elle se retrouve seule à supporter ce fardeau. La société ne l’aidera pas, le roi non plus. L’ennemi n’est plus seulement Jacques, Marguerite s’en rend compte désormais.


Elle doit faire face au monde entier.


La sentence tombe : les 2 hommes s’affronteront dans un combat à mort. L’un devant rétablir son honneur et l’autre devant rétablir son honneur. Marguerite attendant que l’un rétablisse son honneur pour avoir le droit de ne pas finir calcinée.


Le violent affrontement entre Jean et Jacques est finalement assez vite expédié. Le combat de Marguerite, tout aussi violent, durera toute sa vie.


Parvenir au sommet de la montagne et s’apercevoir que de l’autre côté, le terrain est toujours aussi accidenté. Mais il faut continuer à avancer.

Ex_Kyumea
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le 11 nov. 2021

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