Autant Kim Jee Woon m’avait emballé sur son Bittersweet Life, autant I met the devil m’avait laissé de marbre ; trop long, trop sentencieux, et un peu surestimé, n’en déplaise à qui de droit. Autant vous dire que le voir débarquer sur le sol américain après être passé chercher tonton Arnie à la maison de retraite, en brandissant un scénar prétexte vendu par une bande annonce promettant du second degré et de la surenchère, ça avait piqué ma curiosité. Ça sentait bon le plaisir coupable, quoi.
Et puis il m’a manqué tonton Arnie, vous voyez.
Et en effet ça fait plaisir de le voir de nouveau tenir autre chose que la chandelle pour le club des vétérans du pacha Sylvestre. Tonton se dégarnie un peu, la peau de son cou n’est plus aussi élastique qu’à la grande époque et on sent bien qu’il tente tant bien que mal de dissimuler sa bedaine d’ancien gouverneur acquise à force de réceptions et de petits fours, mais bordel personne ne porte les Ray Ban et la pétoire comme lui.
C’est qu’il y a encore un peu de superbe sous cette couche de maquillage, et moi ça me chatouille les lacrymales quand je le vois tenir le magnum avec un petit air Eastwoodien de derrière les chaumières que l’âge semble lui offrir par fulgurances.
The Last Stand ne fait pas dans la finesse, ça vole pas haut et ça cachetonne beaucoup, mais on est loin de l’objet saturé de gras auquel on aurait pu s’attendre. Le scénario est crétin, ça met du temps à décoller, Noriega est caricatural au possible et certains persos sont irritant comme un plat de rougaï, mais une fois passé une première partie un peu hachée par un découpage spatio temporel un tantinet lourdingue on est ravi de voir que le concept prend enfin forme pour nous servir une deuxième partie bien plus jouissive et tenant pas mal ses promesses.
En effet une fois arrivé le moment tant attendu de l’assaut du patelin, on se réjouit de voir que malgré les irrégularités de Jee Woon (plans tape à l’œil, manque de lisibilité…) on en prend pour son oseille. Il faut voir tonton Arnie découper littéralement un gars en deux à la sulfateuse —comme à la grande époque, ou pomper du fusil comme personne. Stormare fait son petit numéro, les répliques fusent, l’action s’apprécie à sa juste valeur et on a même droit à Knoxville se prenant pour Looping qui nous réserve un ou deux moments de bravoure frontaux m’ayant arraché un sourire en coin.
Sinon les bagnioles tout ça moi je m’en tamponne les oursins alors je suis ravi quand Noriega sort de sa caisse pour se prendre la fessée qu'il a bien bien méritée par un tonton qui en a encore sous le capot. Pas de prise de ninja mais bel et bien du bon gros pain dans la gueule, à l’ancienne.
Voici donc au final un film bien divertissant, non exempt de faiblesses tant sur le fond (en même temps c’est le principe, hein) que sur la forme (Jee Woon un poil en deçà qu’escompté), mais terriblement délectable ne serait ce que parce qu’enfin, oui enfin : HE’S BACK !