Je ne sais que dire de ce film qui m'a à la fois bouleversée, horrifiée par moments mais aussi énormément interrogée.
Le scénario prend place en Ouganda sous la dictature de Idi Amin Dada. Un jeune médecin venu d'Ecosse se rapproche du Président au pouvoir lors d'une rencontre mythique. Petit à petit, une relation de confiance s'installe entre les deux hommes, l'un admiratif du charisme et de la force du Président, l'autre intrigué par la fougue et l'insouciance du jeune médecin.
Le duo Forest Whitaker - James McAvoy est absolument incroyable. Tous deux plantent des personnages hors du commun et on est très loin d'un film hollywoodien peuplé de gentils et de méchants. Ici, on est face à la folie d'un homme de pouvoir qui n'est pas sans rappeler le personnage de Macbeth et à l'auto-aveuglement d'un jeune en quête d'aventure et de fascination.
Un film hors du commun donc, où l'on est pris dans la tension de cette relation qui depuis le début n'attend qu'à exploser. La mise en scène nous amène au plus près des évolutions d'attitude du jeune médecin : du jeune idéaliste qui plaque tout pour aller faire de l'humanitaire en Afrique, au jeune inconscient qui se rapproche au plus près d'un pouvoir dictatorial ultra-violent en refusant de voir ses dérives et enfin à la prise de conscience tardive d'une situation devenue insoutenable. Cette dernière partie contient des scènes d'une extrême violence et globalement on sort du film un peu bouleversé : le réalisateur ne fait aucune concession ni à son personnage (le médecin toujours) ni au spectateur.
Derrière cette histoire assez intime de la relation entre deux hommes, Kevin MacDonald livre un tableau très dur d'un pays victime de la folie de son chef d'Etat et nous pose beaucoup de questions : celle du pouvoir et du rôle du charisme, celle de la relation entre les occidentaux et les africains, celle enfin de la volonté de voir ou ne pas voir la réalité. Cette dernière m'a semblé vraiment intéressante car à certains moments du film, on se demande réellement comment ce jeune plutôt arrogant peut se baigner dans la croyance que le Président cherche le bien de son peuple. On pourrait facilement blâmer le personnage, mais ne représente-t-il pas finalement l'attitude des Européens vis-à-vis des régimes dictatoriaux africains ?
Pour finir, il y a également une phrase qui m'a interpellée à fin du film. [ATTENTION SPOIL]


Au moment de le délivrer de la torture dont il a fait l'objet, le médecin ougandais s'explique au médecin écossais : toi qui est blanc, européen, va dire au monde ce qui passe ici en Ouganda, car toi on t'entendra. Cette phrase remet finalement l'approche même du film en question : pourquoi doit-on avoir ce médecin écossais blanc en personnage principal pour parler des crimes du Président Ougandais.


Bref, je pense que j'ai assez justifié ma phrase introductive : ce film m'a interrogée sur beaucoup de questions. Dans tous les cas, il faut le voir non seulement pour les prestations incroyables de Forest Whitaker et James McAvoy mais aussi pour son tableau sans concessions du désespoir d'un pays dirigé par un fou.

ouaillenot
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le 6 févr. 2016

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ouaillenot

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