Le premier film de Jan Svankmajer (si on excepte Numbers en 1960, qui est plutôt un test gardé pour lui et dont on ne connaît que le nom) pose les bases formelles de son œuvre, influencée par le maniérisme et le surréalisme, tout en employant des marionnettes dans la tradition tchèque : ici, pour un théâtre littéral (ça le sera à nouveau à plusieurs occasions comme pour Jabberwocky – mais sans la mise en scène encore ancré dans les normes comme c’est le cas pour Mr Schwarzwald & Mr Edgar).
Pendant onze minutes, deux magiciens en papier mâché s’affrontent, jusqu’à s’entre-massacrer. Leur principal instrument : leur propre tête. Extraordinairement sinistre et facétieux, le programme est parcouru par une horreur latente ; elle se concrétise par "le dernier truc", sauf que là encore, l’ambiance reste enfantine et guillerette, malgré la noirceur de la situation. Déjà, aucun doute : avec ce style si singulier et déroutant, ces gadgets en fusion (insectes et violons rejoignent ou émanent d’un même corps), un monstre est né. C’est (presque) le Vincent de Svankmajer.
https://zogarok.wordpress.com/2013/11/03/svankmajer-les-courts/