Le premier plan s'ouvre sur les décors du palais du futur dernier-vice roi des Indes, appelé à un "règne" court afin de préparer l'accession du pays à son indépendance.Palace immense, pièces et jardins à perte de vue, innombrables serviteurs s'affairant de tous côtés... On commence dans la grandiose demeure et on ne la quittera quasiment plus. A ce propos, le titre anglais, Viceroy's house, est bien plus pertinent que le français, ce dernier se concentrant sur un aspect politique qui n'apparaîtra finalement qu'en trame de fond.
Au milieu de cela arrive le dernier souverain, incarné par Hugh Bonneville, alias Robert Crowley dans Downtown Abbey. Le rapprochement avec la série britannique ne s'arrête pas à l'acteur qui incarne le "chef de famille". On retrouve ici aussi le parallèle entre vie des "maîtres" et des valets, sans manquer leurs intrigues amoureuses ultra-préconçues (et c'est une amatrice de la série qui parle). Pour dépasser cette comparaison, il n'y a plus forcément les bons et les méchants, en revanche ici quasi tout le monde est super niais. Certes, quelques personnages font mesure d'exception, mais ils restent marginaux. Le gentil vice-roi arrive avec sa gentille famille pour réconcilier tout le monde grâce à ses supers talents de diplomate (qui sont peut-être historiquement avérés, ce n'est pas mon propos), et accomplit en deux mois ce que ses prédécesseurs avaient tant peiné à mettre en œuvre: secourir les gentils Indiens (j'entends ici les Indiens avant la partition du pays), qui au passage sont quand même un peu en train de s’entre-tuer.
D'ailleurs, il est particulièrement marquant de constater que les rares scènes de violence ne sont jamais montrées qu'à travers des images d'archive ou des coupures de presse: les exactions ne sont pas filmées de la même manière que les événements du palais, ce qui leur confère un caractère quasi irréel, comme si l'on parlait de deux choses différentes. Cela enlève beaucoup à la qualité du film, qui cherche apparemment à compenser en rajoutant artificiellement des émotions au détour de chaque couloir. Sans succès: on entend les violons, on sait que l'on devrait avoir la petite larme à l’œil, mais cela nous laisse finalement quasi froid comparé à la gravité des faits.
A cela s'ajoutent des éléments à la manière de Bollywood, sans la danse et les chants. Scènes surjouées, amour contrarié, on retrouve les classiques du genre. Cependant, l'apparente superficialité mêlée au côté « glamour » peut parfois y révéler des situations difficiles. C'est un peu le cas ici, malheureusement la mièvrerie ambiante et le décalage des images décrit plus haut empêchent le tout de fonctionner. Quelques scène amusantes ou cocasses -ainsi que, je l'avoue, le fameux accent british- épicent un peu le film. Mais il est trop fade, réduit à des clichés. Dans le sempiternel « débat » des longs métrages dits historiques, qui balancent entre divertissement et témoignage d'une certaine forme de réalité, même subjective, il faut choisir : fans de l'option 1, allez-y, si tant est que vous supportez la niaiserie. Quant aux autres, passez votre tour. Mis à part quelques éléments intéressants, le sentiment d'errer dans les couloirs du palais risque bien de l'emporter.