Drôles de sensations

Laura Laune est un vrai personnage, humoriste et chanteuse cette ravissante blondinette aux allures de petite fille innocente amuse et s'amuse en disant le plus souvent des horreurs avec un penchant naturel pour l'humour noir, la grossièreté, le politiquement incorrect et les sujets épineux. La jeune comédienne mise en lumière par l'émission La France a un Incroyable Talent nous propose ici un spectacle mis en scène par Jérémy Ferrari qui effectivement nous fera souvent rire nerveusement ou franchement tout en venant titiller notre capacité (pour ne pas dire notre intelligence) à rire de tout. Pourtant il y-a un je ne sais quoi dans l'univers de Laura Laune qui m'empêche de vraiment adhérer à l'univers de l'artiste dont je reconnais pourtant le charme naturel, l'audace calculée et la pertinence de certaines vannes.

Je suis un grand amateur d'humour noir, bête méchant et de cet adage populaire qui dit qu'il faut rire de tout, je ne critiquerai donc pas particulièrement Laura Laune sur le fond d'un spectacle qui ose nous faire rire en brassant moult thématique épineuse comme l'avortement, le racisme, la pédophilie ou le terrorisme. Mes réserves iront plus vers la forme qui me semble au fil du spectacle redondante, mécanique et finalement désincarnée. Au départ on s'amuse beaucoup de cette femme enfant aux sourires innocents, aux bondissement incessants de petite fille et aux mimiques de gentil lapin blanc pris dans les phares de ses propres audaces ... et puis on se lasse. Laura Laune joue tout son spectacle sur ce même registre, sur cet unique personnage candide qui dit des horreurs et au fil des minutes la mécanique d'écriture se fait trop visible , le tempo des vannes devient mécanique, les ruptures de ton deviennent trop prévisibles et vient cette curieuse sensation que tout cela tourne un peu à vide. Rien à voir avec toute la profondeur, l'émotion et la mélancolie que parvient par exemple Blanche Gardin à instaurer dans ces spectacles, on reste ici sur une surface un peu lisse sur laquelle les pires vannes finissent par glisser sans accrocs. Malheureusement Laura Laune séduit dans un premier temps , amuse dans un second puis agace un peu sur la longueur.

L'autre gros problème que j'ai toujours eu avec Laura Laune reste que son personnage et surtout ses chansons me font beaucoup trop penser à GiedRé qui possède exactement la même mécanique d'écriture et presque le même personnage d'innocente jeune fille qui balance les pires horreurs sur des mélodies légères et douce comme du satin. Toujours difficile de savoir qui de la poule ou de l’œuf est arrivé en premier mais il semblerait bien que Laura Laune se soit fortement inspiré de GiedRé dont le premier album date de 2011 et non l'inverse.

Je ne peux pas dire que Le Diable est une Gentille Petite Fille soit désagréable et encore moins que Laura Laune ne me fait pas sourire le plus souvent mais je vais attendre de voir si la jolie blonde belge diversifie son registre et s'éloigne de ses modèles pour m'enthousiasmer vraiment.