Avec Le Diable s'habille en Prada, la seule chose à laquelle on peut s'attendre, c'est un énième film de fille, qui ne vole pas haut mais n'en demeure pas moins divertissant. Cependant il y a de vraies qualités dans ce long-métrage, des qualités que certains trouveront grotesques évidemment.
Tous les ingrédients d'un film ciblé et calibré pour le public féminin sont ici réunis, des personnages attachants, une histoire glamour et drôle, des vêtements tous plus beaux les uns que les autres (Dieu qu'ils sont magnifiques!) et évidemment un happy end traditionnel et pourtant ici plus alambiqué que prévu. Mais pourtant, et c'est assez agréable quand on y pense, malgré sa base typique et classique, Le Diable s'habille en Prada véhicule de nombreux messages intéressants, voir même importants. Car ce n'est pas seulement un film sur une fille un peu paumée qui trouve un poste d'assistante dans un grand magazine de mode, non il faut voir plus loin que cela, et le problème des films de ce genre c'est qu'ils ne sont pas forcément conçus de façon à ce que justement le spectateur ait l'idée de réfléchir sur ce qu'il propose.
On pourrait presque dire que c'est un film sur le travail, sur la pression qu'un poste précis peut comporter, sur la routine professionnelle, mais aussi sur l'ambition, car oui si notre belle Andy est une fille gentille, il ne faut pas non plus nier qu'elle n'est pas tellement tendre avec ses collègues. Capable d'aller jusqu'à changer radicalement de style pour se fondre dans le moule, ou bien d'accepter une opportunité sans aucun scrupule, ce n'est pas un personnage répugnant ce n'est pas le mot, mais c'est une fille qui (pardonnez moi l'expression) a des couilles. D'ailleurs face à un tyran comme Miranda il faut savoir garder la tête froide. Mais là aussi la construction du personnage est intelligente, car au final bien que cette femme soit absolument horrible dans son comportement, le spectateur comprendra vite de lui-même, qu'il faut avoir cette poigne et cette rigueur pour mener un empire à bout de bras. Terminons en disant que le film parle également du travail en ce qui concerne le choix d'un employé par rapport à son physique et ce qu'il dégage, plutôt que par rapport à ses qualités professionnelles, et de ce point de vue là, le film paraît un peu utopique, montrant que l'on peut s'habiller comme un sac et travailler dans la mode parce qu'on est compétente, mais évidemment c'est toujours mieux d'avoir la classe dans ce milieu.
Outre cette vision intéressante d'un emploi aussi dur à gérer, le film nous parle bien évidemment de style, de ceintures, de jupes, de talons aiguilles, bref de mode, mais surtout de ce qu'est vraiment la mode. Une nécessité ? Une attitude naturelle ? En quelques sortes le film nous montre que oui la mode peut-être un sens inné chez quelqu'un, et qu'il se travaille chez un autre, mais dans les deux cas, chacun peut devenir une fashion victime, l'important est de ne pas oublier qui l'on est vraiment. Ce n'est pas par son écriture que le film brille, même si elle n'est pas maladroite, il brille par sa facilité à faire passer des messages intelligents, mais aussi parce que les actrices principales sont excellentes. Meryl Streep est totalement géniale dans ce rôle fait sur mesure et adapté pour elle, Anne Hathaway n'a d'ailleurs aucun mal à lui donner la réplique. Quant à Emily Blunt, elle montre qu'elle est une bonne actrice de comédie, à l'instar de ses rôles plus sérieux et profonds (Queen Victoria forever!)
Bref, Le Diable s'habille en Prada est une comédie de qualité, un petit moment glamour et délicieux.